Au théâtre ce soir...
Hier, Pivrose m'emmène au théâtre.
Après l'après-midi passée à déambuler chez Ikéa (mentalement, j'ai "refait" mon intérieur plusieurs fois...) et le poisson trop salé que j'avais mangé sur des petits biscuits, (des crackers, trop salés aussi), c'était la fête !
Nous assistions à la "générale" du premier spectacle du théâtre des Galeries, "Trois lits pour huit". Une comédie légère - pas du vaudeville, non (le vaudeville est-il encore à la mode? Si je pose la question c'est que la réponse est "non" ou "non, pas vraiment".) qui traite les hommes de façon plutôt sévère (le père, inconsistant, ne pensant qu'à manger des sardines et boire du neskwik; Thierry, le cauchemar égocentrique à mourir; Philippe, le malade insupportable, et Bernard, l'excité qui passe sa nuit à fulminer et monter un tabouret - sans y arriver...)
Et les femmes aussi, parfois. Une Suzanne, quelque peu hystérique. Au total, un gentil spectacle, un bon moment, et les éclats de rire communicatifs de ma voisine (qui ne boude pas son plaisir...) - ce qui nous faisait encore plus rire, moi et mes voisins... (Son bonheur fait plaisir à voir !) Quant à moi, ce sont les situations dramatiques traitées avec humour qui me font le plus rire! Et pour cause: les fuites dans la maison des parents... Le malheureux cloué sur un lit de douleur avec un lumbago...
A l'entracte, nous nous sommes promenées dans les couloirs de ce 2ème étage du théâtre... Et je regardais, rêveuse, les photos des anciennes saisons: années 50-60, 70, 80...
Je retrouvais les classiques bruxellois, bien sûr, Le mariage de Mademoiselle Beulemans (j'adore! C'est une pièce qui me "rassure", chaque fois que je la vois, je ne sais pas pourquoi...), Bossemans et Coppenolle (que je n'ai jamais vu par contre)... Puis, les classiques tout court ! Et là, c'est vertigineux: Sartre, Molière, Harold Pinter, Camus, Marivaux, Shakespeare, Musset, Claudel (oui, bof...) Anouilh, Ionesco (je me demande même s'il n'y avait pas un Brecht, mais là, je rêve peut-être, ce n'était pas vraiment le style des Galeries...) - je n'ai pas retenu tous les auteurs joués, mais j'étais médusée.
Où sont passés nos auteurs classiques ? Relégués dans les Lagarde et Michard ? On adapte, à grand-peine, des romans ou des histoires qui ne sont pas faites pour le théâtre, alors qu'on a un vivier magnifique de textes dramatiques... (Je ne parle pas d'histoires dialoguées...) C'est navrant! Evidemment, il faut jouer aussi les auteurs contemporains... Comme Emmanuel Schmitt, par exemple, avec son "Libertin"... Mais tout de même, j'éprouve un soupçon de regret en pensant à ce répertoire exceptionnel... Si peu servi.
Six ou sept pièces sur la saison contre un bon douze pièces par an il y a vingt ans... Il est vrai que la troupe des Galeries jouait alternativement aux Galeries et au théâtre Molière, porte de Namur (fermé), (et même au théâtre du Passage 44). Et j'avais vu au moins une pièce qui m'avait remplie de bonheur, "Les fausses confidences" de Marivaux, probablement, ma comédie préférée, de Marivaux, avec, je me rappelle, Pascal Racan et Bobette Jouret.
Il est vrai que le théâtre est devenu hors de prix. Et la télévision ne diffuse plus de pièces, comme dans "Au théâtre ce soir", émission disparue il y a bien longtemps des écrans, au profit de quoi ? Boudiou... Donc, le théâtre, loisir de bourgeois, ou de pensionnés... Qui ont d'ailleurs des tarifs préférentiels, heureusement (alors, vivement la pension? Mais que restera-t-il du théâtre de papa et maman quand je serai pensionnée !)
Bon, quand j'aurai trouvé une autre formule de théâtre qui me plaise bien... (le théâtre de rue? Le théâtre mêlé au cirque, le théâtre citoyen (horreur...) le théâtre-action ? Les one-man-shows? Je reviendrai peut-être sur ma nostalgie...
A lire : une interview intéressante de J. de Decker retraçant