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Mes carnets
5 juillet 2008

L'avoir lue en entier ou pas...

Ou, pour une lectrice qui me demande si je dors encore o;)))

(Il est vrai qu'en ce moment, j'ai la prétention de lire Jane Austen en-en-tier. J'avance, mais je n'ai point tout lu encore ! Il me reste à reprendre "Mansfield Park", à lire "Les Sanditon", un autre roman inachevé, et quelques Juvenilia opera).

Oui! Qui a lu Yourcenar en entier ? J'imagine que ses biographes, Josyane Savigneau et Michèle Goslar, l'ont fait. Il est à peu près obligatoire de lire l'oeuvre d'un auteur sur lequel on travaille - de procéder au "défrichage" de l'oeuvre, c'était le terme que ma cousine avait écrit dans une de ses lettres (à moi adressée) lorsqu'elle avait commencé sa thèse de doctorat).

Donc, je n'ai pas la prétention d'avoir lu Yourcenar en entier! Hélas! Ma lecture est même plutôt une lecture à hue et à dia, de bric et de broc, mais affective, profondément, et dépendant des périodes où j'ai découvert ou exploré l'écrivain.

"Le" coup de coeur, ce fut à un Midi de la Poésie, en 1981, où (feu) Suzanne X***, une professeure du Conservatoire et récitante de grand talent, lut intégralement "Clytemnestre ou le crime", extrait de ce mince et magnifique recueil de proses poétiques, "Feux" (dont on peut supposer, pour la petite histoire, qu'il lui fut inspiré par ses déboires amoureux avec l'éditeur A.F.)  Les personnages - et donc, les écrits de "Feux" sont intenses, passionnés, ce sont des hurlements de femmes véritablement à l'agonie, poussées au crime ou au suicide.

C'est cela que j'ai adoré dans "Feux". Cela et la référence constante à l'Antiquité.

Mais je me trompe de peu. Le bouleversement premier, (bien que je n'aie pas entièrement mesuré la portée de l'oeuvre, loin de là), c'est "Alexis ou le traité du vain combat", lu quand j'avais 20 ans. Cela allait de pair, (pour celui ou celle qui lira entre les lignes), avec le bouleversement déclenché par la lecture des "Faux Monnayeurs" de Gide, ou de "La confusion des sentiments" de Stefan Zweig.

En 1981, Yourcenar entrait à l'Académie et la seule personne avec qui j'en parlais (hormis mes parents), c'était Louis Daubier, mon professeur de français. Nous trouvions ça fabuleux et nous échangions des articles et/ou nos impressions personnelles, après l'une ou l'autre émission télé, après l'entrée à l'Académie et les deux discours - celui de Yourcenar dédié à Roger Caillois, et celui de J. d'Ormesson.

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La même année, connaissant mon amour pour la poésie grecque, mes parents m'avaient offert "La couronne et la lyre", l'anthologie et l'essai de  traduction de la poésie grecque antique. Je m'abîmais sur les vers de Sappho que Yourcenar s'était permis de légèrement trahir, 12/12/12/6 (x3) au lieu de 11/11/11/5 (x3) -ce que n'avait pourtant pas fait Renée Vivien, il est vrai, extrêmement puriste - sur le plan formel si pas sur le plan historique. 

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Depuis ma rhétorique, je nourris aussi un amour particulier pour trois odes anacréontiques, (j'ai beaucoup aimé, c'est peu de le dire, la poésie lyrique grecque), c'est-à-dire des odes écrites à la manière "de", "Amour mouillé", "Amour piqué par une abeille" (peinte, ô merveille, par Holbein et dont un exemplaire se trouve au musée d'art ancien à Bruxelles - et l'autre à la National Gallery, à Londres) et "La Sandale"). - Illustration, Dürer, Eros, les abeilles et Vénus.

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Voilà déjà deux ou trois raisons de "tenir" à un de mes livres de Yourcenar...

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Et puis il y eut la trilogie fabuleuse: "Souvenirs pieux" - l'histoire de sa mère, Fernande Cartier de Marchienne, "Archives du nord" - l'histoire de Michel de Crayencour - qui m'a fait me rendre au Mont Noir il y a quelques années (et au Mont des Cats, puisque je n'en étais pas très loin, mais là, cela n'a plus rien à voir avec Yourcenar) - mais je ne sais pas pourquoi, j'ai pilé à la page 575, le signet est resté pile à cet endroit, voilà donc un livre à placer en tête de ma PAL et à terminer. Curieux! Je vais au Mont Noir d'un côté, je ne veux pas rater ça (mais je ne participe pas pour autant à une excursion souvenir), alors que pendant des années, je suis passée et repassée (tous les jours, si pas plusieurs fois par jour) au carrefour Bailli-Louise, où elle est née, sans même m'en douter!

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Par un curieux hasard, je possède le premier tome des oeuvres complètes de Yourcenar dans La Pléiade - les romans - alors que celui qui m'intéresse par-dessus tout, c'est le deuxième tome, celui des Essais & Mémoires. Entre autres pour un court essai, "Les songes et les sorts", une sorte de catalogue de ses rêves publié en 1938 (augmenté et revu par la suite) - je pourrais évidemment le lire à la Royale ! Je me suis intéressée aux essais de Yourcenar quand j'ai mieux connu son travail de traductrice. Quand j'ai su qu'elle avait traduit "Les vagues", de Virginia Woolf - et qu'elle l'avait rencontrée. Et pour tout ce qu'elle a à nous enseigner sur la Grèce antique et moderne qu'elle aimait tant.

Voilà qui me fait rêver. Dans son Journal, Woolf raconte la rencontre de sa traductrice française, Mlle Youniac ou un nom de ce genre... élégante, avec une bouche rouge, habillée d'une robe noire à fleurs dorées... (donc, pas si masculine que cela!) Yourcenar va traduire "Les vagues", le roman le plus difficile, le plus inaccessible de Woolf.

Qui lui inspire au moins un article, "Virginia Woolf, une femme étincelante et timide".

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Mais c'est sans doute ici que je dois m'interrompre, et c'est d'ailleurs toujours à ce moment-ci que je m'interromps, parce que c'est alors que je devrais commencer à parler de Renée Vivien, de Natalie Barney (bien que! Tout le monde a déjà tellement parlé d'elles! Qu'aurais-je encore d'original à dire à ce sujet?), de Dorothy Bussy, de Virginia Woolf (en lien avec Marguerite Yourcenar).

Mais non! Je m'arrête ici. J'ai trop à dire, même si je sais par où je pourrais commencer... Mais en ai-je encore le courage ou seulement l'envie ?

IngresComtesseHaussonville

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Commentaires
P
J'aime le voir et le revoir... (Mais pas Jude Law)
D
Oui, c'est ça, c'est Jude Law. ;-)<br /> Et non, je ne savais pas pour la rediffusion du film. Rien que d'y penser, il me manque. Je crois bien que cela fait sept ou huit ans déjà que je ne l'ai pas vu...
P
DD, sais-tu qu'on a redonné "Minuit dans le jardin du bien et du mal" à la télé? Donc, je l'ai re-regardé, avec l'acteur que nous aimons et celui que j'aime moins, Djude ou je ne sais plus comment, je ne ne retiens pas son nom. Law? Le genre beau gigolo.
D
Il y a une "belle ivresse" - quelque chose -, je trouve, à plonger avec un auteur que l'on chérit... C'est ce ressenti-là, précieux, qui m'envahit à la lecture de ce billet.
P
Ah! (Il n'est pas très drôle, mais si tu es avec des amis et des proches, ça va o:-)
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