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15 mai 2008

Le héros austenien (1)

Le héros masculin austenien est multiple.

Il y a le héros par excellence: Mister Tilney dans "Northanger Abbey", Frederick Ferrars, dans "Raison et sentiments", tous deux jeunes et séduisants; le capitaine Wentworth dans "Persuasion" et surtout, bien sûr, Mr Darcy, dans "Orgueil et préjugés".

Et Austen leur fait dire parfois des choses tellement délicieuses que je ris à moi toute seule.

Sociologiquement, ils nous donnent une idée du monde dans lequel Austen évolue. Frederick Ferrars est un cadet de famille qui pourra "s'établir" grâce à la générosité du colonel Brandon. Le colonel Brandon lui confiera un "bénéfice", c'est-à-dire une cure (dans la religion anglicane, bien sûr, -donc, il pourra se marier - et, dit-il, faire les homélies les plus courtes possibles...) - tout comme M. Tilney, qui est clergyman. Le capitaine Wentworth est dans la Royal Navy - tout comme un des frères de Jane Austen, et Darcy est noble (mais riche, lui...) Le héros de Mansfield Park, Edmond Bertram se prépare aussi à devenir clergyman et c'est même ce qui va l'unir à sa cousine (oh, un mariage entre cousins???) Fanny Price - qui prend ardemment la défense du métier de clergyman.

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Il y a le héros qui est un anti-héros, personnage apparemment mineur, au début du roman, il se manifeste tout d'un coup par un comportement incompréhensible (M. Knigthley dans "Emma") ou prévisible - le colonel Brandon dans "Raison et sentiments". Plus âgé que l'héroïne (le colonel Brandon a une bonne trentaine d'années alors que Marian Dashwood n'en a pas 20), il a déjà vécu, déjoue les manoeuvres des vils séducteurs (l'infâme Willoughby, toujours dans "Raison et sentiments"), et il connaît (et méprise) le monde, les artifices, et par-dessus tout, la parole trahie.

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Cette caractéristique, il l'a en commun avec le héros austenien. Dans "Orgueil et préjugés", Darcy contraint Wickham à épouser la jeune soeur d'Elisabeth Bennet avec laquelle il s'est enfui - et dans ce milieu et à cette époque, la fuite d'une jeune fille (ou d'une femme mariée) avec un mauvais garçon leur est absolument et définitivement fatale.

Et puis, évidemment, il y a le mauvais garçon. Il y a toujours une série de personnages veules, intéressés, mesquins, inintelligents, plus ou moins manoeuvriers de canapé, coureurs de jupons... Certains se prennent à leur propre piège et gâchent leur vie (tels Willoughby dans "Raison et sentiments", qui aime vraiment Marian, mais préfère le mariage riche, et Henry Crawford, dans "Mansfield Park", qui finit par "trahir" Fanny Price en prenant la fuite avec une femme mariée (et cousine de Fanny, de surcroît).

Souvent, par mesquinerie pure et simple, ils s'attachent à nuire aux héros, par exemple, John Thorpe, dans "Northanger Abbey", va raconter au Général Tilney que Catherine Morland est riche et d'un rang élevé, socialement, alors qu'elle est simplement issue d'une famille honorable. Vanter ses amis lui permet de se vanter lui-même... Plus tard, il la démolit complètement dans l'esprit du Général en disant que non, elle est pauvre, que sa famille est obscure et qu'elle ne vaut pas la peine qu'on s'y intéresse.

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Il y a beaucoup de mauvais garçons chez Jane Austen. Mais leurs crimes sont rarement majeurs. Ils ne tuent personne, non, ils se bornent à chercher la dot intéressante et à l'épouser, ou pire, à séduire, engrosser et abandonner; plus rarement, ils escroquent (comme M. Elliott, le cousin de Anne Elliot, héritier du titre et du domaine, dans "Persuasion").

Parfois, ils sont ridicules et snobs, aussi collants que de la cyanolite, ils se plaignent d'un froid excessif comme de la chaleur estivale (et c'est très drôle...) en général, ils disparaissent de la circulation... Jane Austen les déclare assez vite inintéressants "pour nos héros" et surtout pour le lecteur. Exit le mauvais garçon...

Enfin, et jusqu'à présent, je n'ai rencontré qu'un personnage de ce type, il y a le faux héros austenien, comme Frank Churchill, dans "Emma". Pendant tout le livre, on croit qu'il va demander Emma en mariage, sans qu'Emma y tienne spécialement d'ailleurs (elle veut marier tout le monde mais ne veut surtout pas se marier elle), alors qu'il est fiancé secrètement à un autre personnage du roman... Et ce quiproquo tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin.

Mais difficilement en haleine, parce que tout de même, des romans qui datent de 1808 à 1818, ce n'est pas si facile que cela à lire.

Alors, pourquoi je les lis ?

Réponse: pour faire quelque chose d'intéressant...

Et faire suer mes lecteurs avec des articles interminables...

Thomas_Gainsborough_Miss_Linley___Brother__Restrike_Etching__38701

Thomas GAINSBOROUGH. Miss Linney & son frère.

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Commentaires
C
Tu as vu Emma, je n'aime pas tellement l'héroïne G patrow tout comme je n'aimais pas celle qui jouait dans le dernier orgueil et préjugés (une mince sans poitrine), mais le héros était vraiment excellent...
P
Oh, Val, tu crois que ça va te plaire ???
V
Bon, Pivoine, je vais en emprunter un à la biblio!
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