Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes carnets
18 juin 2007

Les gens du Net

"Ben oui, quoi", ai-je envie de lui répondre, "les gens du Net ce sont AUSSI de vraies gens". Purée ! On blogue. On est de VRAIES personnes (en chair et en os, si je me pince, je crierai aïe!) et on lit encore chez les uns et chez les autres, parfois, qu'ici, ce n'est pas la vraie vie. Et en quoi donc, n'est-ce pas la vraie vie? Est-ce que lorsqu'on est invité chez des amis, dans un salon, on va tout à coup déclarer: "salut, je vous laisse, car ici, ce n'est pas la vraie vie..." ??? Non, mais alors, si on ne le fait pas chez des "vraies" gens, pourquoi est-ce qu'on le fait dans la partie écrite de nos vies... Alors que justement les paroles volent et que les écrits restent !

Cette histoire de vraies et de fausses personnes, ça me fout en boule, là...

Et donc, comme on ne peut plus commenter chez lui (chez toi, hein, si des fois tu me lis... Des fois...) eh bien, ce que j'ai à (te) dire, je l'écris ici. Donc, quand j'ai vu "ça" hier soir, en faisant mon tour des blogs, je suis restée pantoise. Pas de réponse à mon commentaire alors? Envoyé juste sur une autoroute de l'information? Dois-je être punie parce que quelqu'un se punit? Et pourtant, je comprends. Je comprends qu'on puisse être addict de la vie virtuelle, mais non, non, ce n'est pas que de la vie virtuelle qu'on est addict.

Donc, on est dépendant d'autre chose. Si on est "addict" à Internet (ou au blog plutôt), au point d'aller voir les commentaires et les réponses aux commentaires et les rebonds des commentateurs qui lisent les commentaires, c'est qu'au fin fond, on est "addict" à ce que l'autre pense de soi, à l'image qu'on se fait de l'autre, à ce qu'on attend de l'autre, des autres, de tous les autres, à ce que chacun attend ou espère ou redoute de chacun - et donc, aux interactions. Qu'on a peur de ne pas maîtriser (et il arrive qu'on ne maîtrise pas). Et ça va nous suivre partout, dans et hors d'internet. Donc, il faut trouver autre chose. Il faut se trouver soi. Se connaître soi, sans pour autant se "fouetter". On peut aussi se connaître, le versant blanc et le versant plus sombre, sans pour autant se juger, se condamner.

Je sais qu'on peut être "addict", je sais que pour "plaire" (pour être à la hauteur de, aussi) à une certaine (et chère) blogobulle - à, disons, un groupe de personnes, de vraies personnes que je croise et recroise sur Internet, j'ai dit beaucoup plus de choses de ma vie que je ne voulais en dire à la base. (Ce n'était pas tant ma plume que je ne maîtrisais pas que mon désir d'être aimée pour et par ma plume... Et là, une simple prise de conscience a suffi et bien sûr, une certaine auto-discipline devra suivre, parce que ce combat-là, il n'est jamais gagné...) Mais je pense que c'est valable dans plein de domaines de la vie. Il a fallu qu'un de mes chats mange mon câble Internet pour que je "retombe" sur terre (deux jours au-dehors m'y avaient déjà aidée). Mais là, du coup, j'avais simplement envie d'écrire. Juste d'écrire. Pourquoi se fouetter ? Pourquoi se faire mal ? Pourquoi ne pas simplifier ?

Ceci dit, il y a peut-être des choses qui m'échappent, c'est mon ressenti de blogueuse dont je parle là, de blogueuse frustrée quand j'ai vu que tout d'un coup, je ne pouvais plus vraiment commenter... Mais il faut aussi relativiser, ce n'est pas la fin du monde...

On a toujours envie d'être vu, distingué parmi la masse, par les autres, par le prof, par les profs, par les chefs, par les parents, par l'adulte, et si on n'y arrive pas, l'enfant qui est en nous souffre. Colère, doute, peur, souffrance... Et recherche du "médicament", mais le tout est de trouver le bon "médoc"... 

***

Et puis, on est à peine sorti d'une inquiétude (l'opération à coeur ouvert d'une petite Julie de 11 mois... En convalescence, et je sais qu'elle est en convalescence, et pourtant, je pense toujours à elle) qu'on lit des choses terribles. Mais qu'on ouvre le poste de télé, et on tombe aussi sur des choses terribles. Les catastrophes naturelles, les morts, la pauvreté, la misère, les guerres, (et les conséquences des guerres, voir l'Irak), la mort et la misère qui frappent aveuglément. Ou le désespoir, qui pousse un être humain à se suicider - à passer à l'acte, donc, il se sent dans une nasse, il ne voit pas d'issue, pas d'au-delà de la nasse et il se tue. Je compatis, mais je sens aussi comme il m'est dur de compatir totalement. Là, je ne commente pas, parce que je ne trouve pas les mots, quels mots trouver ? Je voudrais compatir et je n'y arrive pas vraiment, parce que je n'ai pas approché la misère de ces personnes. Je ne les ai pas lues, donc je n'ai pas eu le temps de m'y attacher. Je voudrais faire plus et je ne peux pas faire plus. Quand bien même je voudrais soulager tous les humains de leurs maux, (et si j'en avais la possibilité, je le ferais sûrement), je n'y arriverais pas.

Et je me souviens des mots de Yourcenar, à la fin d'une interview - la première ou l'une des premières d'une série d'émissions de Bernard Rapp, consacrées aux écrivains, des mots avec lesquels je n'étais pas d'accord, et pourtant, elle avait raison: "nous ne sommes pas des sauveurs."  Et pourtant, Dieu sait si elle en avait, Yourcenar, des préoccupations de type philanthropiques et une immense dimension humaniste.

Nous ne sommes pas des sauveurs et pourtant, nous pouvons beaucoup. Le tout est de trouver quoi et dans quelle mesure.

Affaire à suivre.

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Pierre, attention ;-) on a vu des addicts retomber dans leur péché ;););)
P
Tiens, ça me fait penser qu'avec un invariable "zéro commentaire" je n'ai plus à l'esprit ce chiffre qui ressemble à un faux-audimat sans aucune signification...
P
Ceci dit, je suis morte de rire en vous lisant, et puis, j'atteins le but du rêve de toute star-blogueuse, faire un max de comms ;-) (heureusement qu'on va pas tout lire...) en-dessous d'un malheureux article, 22 commentaires dont mes réponses ! Et hop! Ca roule...
P
Cé bizarre, depuis qu'on intellectualise en-dessous de mon dernier article du style (pourquoi je blogue & cie), j'ai encore toujours mal à la tête. Et pourtant, je blogue de moins en moins, je dessine et je lis. J'étais en lien chez Pierre, moi ? Je l'ai pas vu lol (jai même sûrement dû faire une crise entre moi et moi à cause de ça, hi hi)... <br /> <br /> Bon, sage hein la classe, keskon va penser sinon !
M
c'est ici alors le dernier salon de triturage du neurone ?!!<br /> pffou ... trop fatiguée, moi ...;)<br /> <br /> (et alain, oui, bien vu, en effet !!!)
Mes carnets
Publicité
Mes carnets
Derniers commentaires
Archives
Publicité