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Mes carnets
11 février 2007

Donner / Recevoir

Coum (Coumarine), donnait l'envol d'une discussion à partir de questions qu'on lui avait posées:

"Est-ce qu'on donne aux autres parce qu'on a reçu soi-même?"
"
Ou bien est-ce l'inverse: reçoit-on  parce qu'on donne? (et si on ne donne pas ou peu, faut pas s'étonner de peu recevoir...)"

Le plus curieux est que hier, j'étais à un souper d'amis des blogs... Et nous avons beaucoup agité cette question, en particulier, ainsi que nos parcours de vie, nos enfants, nos souhaits secrets ou non, nos habitudes de "bloggeurs", l'isolement ou la solitude, mais j'y reviendrai.

Mais je reviens à cette réflexion sur le don... Donner, recevoir, tout cela m'a paru très connoté, tout d'un coup. Donner. Il faut donner. C'est ce qu'on nous a appris. Si pas à la maison, à l'école. Du moins dans certaines écoles. Bien sûr, si on donne, il faut donner gratuitement. (C'est la charité). C'est ce que l'on attend de nous: que nous donnions gratuitement, gracieusement, pour l'amour du bien... C'est très chrétien... De même, on doit aimer sans vouloir posséder, ni "excluser", ni jalouser (alors que l'être humain est tout ça, possessif, exclusif, jaloux... Du moins est-ce le plus souvent sa pente... Parce que c'est humain justement).

Et ça m'a rappelé une anecdote : un ami (mettons, X) avait lancé diverses actions culturelles, artistiques et littéraires. C'était un animateur - je dirais, presque dans l'âme, presque (car il abandonnait tout au poteau). Il m'a demandé un jour de l'aider. J'étais très tentée de me lancer là-dedans avec lui, mais il y avait des mais. Je travaillais et je ne travaillais pas, en ce sens que j'étais sans emploi fixe mais que je travaillais beaucoup, comme prof. C'était du travail occasionnel. De plus, je devais assez rapidement trouver un emploi fixe.  (Et je l'ai trouvé, six ou neuf mois après). (Toujours la pression du ministère de l'Emploi). Et puis, à ce moment, j'étais mariée et donc, relativement occupée dans mon heu, foyer (si on pouvait appeler ça un foyer). Mais dans la mesure où nous oeuvrions tous dans les mêmes domaines (art, PAO, DAO, littérature, enseignement, culture...) il n'y avait pas vraiment d'incompatibilité.

Pendant mon délai de réflexion, j'ai demandé l'avis d'un autre ami. (Y) Ami. Mwouais. C'était un ami, oui, simplement, rien qu'un ami. Un ami, oui, mais qui me "troublait". (Je devrais consacrer un post, rien qu'à cette notion de "trouble) Et il m'a répondu d'un ton docte, sentencieux, paternel et un brin paternaliste (comment rendre sa façon de parler ici?)

"Tu as beaucoup reçu, MF, dooonc, maintenant, il faut beaucoup Donner."

Je ne peux pas m'empêcher de rire en repensant à ça. D'abord, qu'est-ce qu'il en savait, si j'avais beaucoup reçu ou non? Il disait ça comme ça, pour faire "solennel", parce qu'il était très, très, très branché catho pratiquant (et il faisait sans doute de son mieux, mais ce mieux... Ouh là là... Y avait encore du pain sur la planche). Et moi, bêtement, naïvement, quand on me disait ce genre de truc, je marchais à fond. Bien qu'une petite voix m'ait sans doute dit, au tréfonds: "prends-en, laisses-en... C'est un peu téléphoné son truc."

J'ai aussi une bonne mémoire. Une trop bonne mémoire. Je suis sûre qu'il y a plein de choses que des personnes disent comme ça! Paf! et oublient dans la minute, l'heure, ou le jour qui suit. Et moi, outre que je les cro-y-ais, je me souviens. J'entends le son d'une voix, comme si c'était hier, que dis-je comme si c'était il y a une minute. Finalement, tout ça me fait sourire, parce que le gars en question (Y) était le roi des égoïstes... Que l'ami (X) (qui m'avait demandé mon aide, aide que je lui ai apportée, un temps, d'ailleurs) a laissé tomber ses activités culturelles, d'édition, vendu le lieu -très emblématique- où il réunissait tous ses amis... Sa compagne (adorable) l'a quitté et je crois comprendre pourquoi (vu qu'elle m'avait fait quelques confidences édifiantes)... Puis, sans état d'âme particulier, il s'est remarié, et a fait un môme, dans la foulée, à sa deuxième épouse et troisième compagne...

Non, ce qui est terrible dans tout ça, c'est que ces trois personnages (car j'inclus dedans l'ancien compagnon de vie, sans en parler, toutefois... Je préfère pas) tournent, à des degrés divers, dans le fiasco de cette vie ancienne. Et qu'un rien me rappelle ces années-là (quelques mots maladroits de mon fils, une phrase, qui surgit, comme ça! Pouf! Dans ma mémoire...)

Quant à Y, je l'ai haï, oui, pendant des mois... Avec une force et une colère effroyables. J'ai mis autant de mois à cesser de le haïr. Et des années à reconquérir ma paix. Pourtant, c'est moi qui avais initié la rupture, la rupture d'une chose qui n'aurait jamais dû exister. Non parce qu'elle était illicite, mais parce que c'était voué à une fin dramatique (et non pour lui, mais pour moi). Quant à l'ami X, après avoir été un copain, djust un copain, au fait, cela ne vaut même plus la peine d'en parler... A quoi ça servirait ?

J'avais beaucoup reçu, peut-être, mais j'ai tellement donné, à des gens qui n'en valaient pas la peine... ces années-là, que le robinet s'est fermé... Plus une goutte! Il y a un moment où on ne peut plus donner, parce que soi-même, on a besoin d'aide. Donner, c'est souvent aider (quand ce n'est pas le don et le reçu au sein de la relation amoureuse ou l'engagement personnel pour une cause donnée). Et puis, aux alentours de la quanrantaine, quand quelqu'un appelle à l'aide, c'est souvent dans des circonstances dramatiques (séparations, divorces, pertes d'emploi, enfants à problèmes, maladie, isolement... Souvenirs de l'enfance, déchirants, qui remontent, traumatismes refoulés). Quelle aide pouvais-je apporter, moi, à tous ceux et celles qui se sont confiés à moi, à part une écoute et un avis du style... Allez à telle adresse, là, on pourra exactement vous aider pour ce que vous ressentez - exactement...

Il reste que toute mon éducation, à la base, s'appuie sur le "pense aux autres - ne pense jamais à toi-même... Tu penses trop à toi-même... Tu dois aimer les autres et pas attendre que les autres t'aiment... Ne t'occupe pas des autres... Tu penses trop aux autres..." - toutes choses très contradictoires, très embrouillées, où l'on ne peut finalement pas isoler le "défense d'être égoïste" du "aide-toi et ne compte pas sur le ciel pour t'aider..."

Qu'est-ce que je donne de moi, en fin de compte? Mon sourire - à ceux qui me croisent journellement dans l'ascenseur, ou dans le couloir des boîtes aux lettres. Un mot gentil. Même futile (même sur la pluie et le temps qu'il fait...) Une oreille attentive. Mes mots. Je les écris parce que j'aime écrire, mais pas seulement. Mon humour... Fût-il à dix cents... (Et encore, c'est beaucoup...) Mes dessins. Un début de bénévolat avec Paroles plurielles. Mon amitié, ça oui... J'ai de l'amitié à revendre... Mais j'ai parfois l'impression d'avoir perdu "le mode-d'emploi-du-don-de-l'amitié"  Et pourtant... Et pourtant...

C'est joli ça, comme expression...

"don et amitié, mode d'emploi...
Mode d'emploi, où êtes-vous ?"

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Commentaires
R
bonjour, pourquoi tous ces sentiments de culpabilité ? comment donner si l'on n'est pas en paix avec soi même ? Pourquoi s'obliger à donner parceque l'on a beaucoup reçu ? Que de questions pertinantes qui méritent réflexion.... en méditant ce beau sujet... ne donnons nous pas déjà un peu : notre temps, notre réflexion, notre énergie ? pour moi, donner c'est regarder devant soi... la tête bien droite,les yeux bien ouverts et sourire ... nous sommes des milliers sur cette terre, et nous partageons beaucoup : l'air, le soleil, le vent, les bruits, etc... alors je crois qu'en respectant l'espace de l'autre... on donne un peu<br /> Peut-être un peu simpliste. Je vais y réfléchir
P
Je suis persuadée que l'on ne "donne" pas gratuitement aux amis mais seulement aux inconnus.<br /> Pourquoi ?<br /> Pour la simple raison qu'à chaque fois qu'une amitié se brise, on entend des réflexions du type :<br /> "avec tout ce que j'ai fait pour lui(elle), quand je pense à toutes les fois où j'ai été là, etc..."<br /> Une comptabilité est involontairement (ça j'en reste convaincue) tenue.<br /> Alors qu'un geste fait à l'encontre d'une personne que l'on ne reverra jamais est vraiment un don. On ne lui reprochera pas son ingratitude, à elle, puisqu'on sait pertinemment qu'elle va sortir de notre vie aussi instantément qu'elle vient d'y entrer.<br /> Et puis, hormis des cas extrême d'égoïsme pur, nous donnons tous, un peu, sans nous en apercevoir, tous les jours. Et nous prenons également, bien entendu. Le seul fait que nous soyons plusieurs provoque l'échange de paroles, de gestes, de services.<br /> Et le plus important n'est pas de rendre à la personne qui nous a donnés, mais de rendre à quelqu'un(e) qui en a besoin.<br /> C'est un débat intéressant qu'à soulevé Coumarine mais qui mériterait d'être philosophé autour d'une table, jusqu'à point d'heure...<br /> Bonne nuit, Pivoine.
P
J'ai lu attentivement tout ce que tu écris.<br /> ON n'a pas fini de méditer sur cette question !
P
Bien sûr, il y a un égoïsme triste qui n'est que de penser à soi sans se soucier d'autrui ni de l'effet de ses paroles et de ses actes sur autrui... Et il y a l'autre égoïsme, qui devrait porter un autre nom, le simple souci d'être heureuse, d'être bien, et somme toute, plus on est bien avec soi, plus on est bien dans le monde et avec autrui... Mais bon, tout ça n'est pas si simple. Merci pour ta visite et ton petit mot.
P
Contente de ta visite. J'espère que tu vas bien, gros bisoux à toi aussi...
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