Pensées
J'étais assise dans mon divan la tout à l'heure. Je ne faisais rien. J'avais Félix sur les genoux. Il ronronnait dans sa position préférée, ventre et pattes en l'air. Ce chat est fusionnel. Je rêvassais.
J'avais téléphoné à mon père (je me suis dit que nous sommes restés 30 min au téléphone, plus longtemps que du vivant de ma maman - de son vivant, on tchatait pendant des heures - pas des heures, mais longtemps, et puis, elle racontait tout à mon père).
Puis, j'ai pensé à ma mère. Je l'ai imaginée là, dans le divan, (que j'ai acheté avec elle, alors que je recommençais tout à zéro), et je me suis demandé ce qu'elle aurait dit en voyant mon appart. J'ai regardé autour de moi, son buste de Molière, au fusain, qui date de l'Académie, le nu de 1946, et j'ai pensé à mes dessins, au pastel, au croquis, à la peinture. Y a pas à dire, mais elle pourrait être contente (je pensais "fière") de ses enfants. Ah ! Quand je pense à la maison de mon frère et à ses goûts d'esthète ! (En art, en musique, en littérature, en décoration...)
J'ai pensé à ce qu'elle me disait et que j'ai toujours tronçonné. D'abord le "tu n'es pas douée"... Mais sitôt suivi d'un "mais tu aimes tellement ce que tu fais que tu travailles d'arrache-pied et que tu arrives à un résultat."
Longtemps, avec un sombre plaisir, je me suis arrêtée au "tu n'es pas douée". C'est la seule chose que j'avais retenue, d'ailleurs. Le reste, elle me l'a rappelé, souvent, plus tard. Elle a tout de même soigneusement emballé mes dessins d'enfant et de jeunesse, dans du papier cadeau (avec du collant et des petits mots - c'était une manie chez elle) et je les ai retrouvés intacts, au moment de déménager.
C'est en 2004 que j'ai vraiment décidé de travailler, lors des stages d'abord, avec Jacques Richard, Dominic A. Bouariu, Harry Birkholz, puis à l'académie, avec Félix Hannaert... Je rame à l'aca mais c'est momentané. Ou je retournerai ou je patienterai jusqu'à l'année prochaine et j'irai, en histoire de l'art d'abord (j'en ai envie), en dessin par exemple, ou dans une autre section, pourquoi pas? Après. Ou j'irai rue du Midi, je trouverai bien quelque chose.
En tout cas, bien sincèrement et jusqu'à une certaine époque, je n'ai jamais imaginé que je ferais un jour ce que je fais maintenant, en dessin. Jamais. Ca me fait réellement tout drôle. Impossible d'imaginer qu'un jour je ferais ça, alors que je vivais en compagnie de dessinateurs, peintre, artiste... J'admirais leur travail, je les écoutais, j'observais beaucoup (je crois que j'ai beaucoup appris de cette manière, pendant quinze ans, à peu près, j'ai REGARDE...) Et déjà avant. Mais avant, ce n'est pas la même chose.
2006
Dessin perso. Années 70 ou 80.
Et entre les deux... Un des tout premiers croquis, en 85
à l'Ecole des arts d'Ixelles.