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24 janvier 2007

Auto-dérision

(Romans à lire, romans à ...)

Ôoooooh ! Je vais vous livrer une ènième chose de moi, mais sans grande importance, ûf, ûf.

Dans l'ensemble, et depuis le passaaaage de l'adolescence à l'âge aduuuulte, j'ai cessé de raffoler du roman, hormis ceux du grand Monsieur Proust et de la non moins très grande Madame De Lafayette. Je tourne de temps en temps des pages de la saga familiale, (inexistante), quelques rares incipit d'oeuvres majeures, au style étourdissant, mais, vraiment, vraiment je vous assure, je n'aime pas beaucoup le roman.

Mais ce soir, au jugé, (étant de bonne humeur, et prête à toutes les remises en question, ah! Non, surtout pas de remise en question!) j'ai extrait de ma bibliothèque ces pages de NEVIL Shute, l'auteur de

"A town like Alice" - titre original.
Traduction: Le Testament.

Je l'ai ouvert.
Et j'ai lu, et relu, cet extrait :
C'est la plus belle chose que l'on puisse recueillir en soi. Amen.

"Sur Joan, la nouvelle que l'Australien était vivant agit comme le ferait une fenêtre s'ouvrant toute grande devant un être au seuil de l'asphyxie. Elle s'éloigna rapidement et alla s'asseoir à l'ombre d'un casuarina au bout de la plage, pour réfléchir à ce miracle. Le soleil étincelait sur les vagues, et la plage était si blanche, la mer si bleue que c'en était un ravissement. Elle éprouvait la sensation d'émerger subitement d'un long tunnel dans lequel elle aurait été enterrée depuis six années.

Elle voulut prier, mais la religion n'était pas son fort, et elle ne savait pas comment donner force à son émotion dans une prière. Le mieux qu'elle pût faire fut de retrouver les mots d'une prière qu'on récitait parfois à l'école: Illumine nos ténèbres, ô Seigneur, et par ta Grande miséricorde..." - C'était tout ce qu'elle se rappelait et elle se le répéta encore et encore, toute la journée. La lumière avait dissipé ses ténèbres, grâce aux puisatiers."

Comme une maroquinerie somptueuse
Une écriture qui exulte
Une tendre plume d'écrivain
Comme une ville appelée Alice
Grâce à la volonté, à l'héritage
Et à la densité humaine de deux personnages,
Joan et son amour.

(J'en reparlerai, sérieusement cette fois).

Un roman précieux par son contenu, si humain, si tragique et si tendre ensemble,
Un roman d'amour - mais d'un tout autre amour que celui dont on a coutume de parler,
Un roman d'amour qui fait refermer le livre, le coeur remplit d'émotion heureuse.

"A town like Alice..."

7952492

***

Bien sûr, ce post est une fiction ! J'aime le roman... J'aime la littérature, en grand, et sans distinction de genres, ni même de langues... (J'apprécie énormément - c'est peu de le dire - la littérature anglaise, j'ai lu peu mais j'en ai lu, des écrivains américains, sud-américains, espagnols, italiens, et même des belges... Sûrement d'autres aussi, autrichiens... Allemands... Et même un jour, le livre d'un romancier africain, reçu à prêter d'un collègue).

Bien sûr, pour moi, personnellement, je privilégie certains types d'écriture (la poésie, jusqu'à il y a peu, l'essai, l'article, la lettre...) Parfois, on n'aime pas la poésie. Je suis toujours déroutée, non pas quand on dit qu'on n'aime pas la poésie (après tout, jusqu'à "Liberté", lu à quinze ans, je pensais ne pas aimer la poésie non plus - mais je ne connaissais pas la poésie ! Tout ce que l'on m'avait donné à lire, c'était La Fontaine (parce qu'il est au programme scolaire) et Maurice Carême, parce qu'il est belge!

Non pas quand on n'aime pas la poésie, donc, mais, comment expliquer... Quand cela s'assortit d'une méconnaissance du genre et d'un mépris total, d'une absence de volonté pour entrer dans les textes.
"Encore de la poésie!" s'exclamait Luce Wilquin, l'éditrice, d'un air écoeuré, à une soirée des Lettres belges, à la maison des Ecrivains. Elle en publiait pourtant, mais à condition qu'il s'agît de son écurie ou de son panel d'auteurs favoris (euh, que j'avoue ne pas avoir lus, et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé...) Mais on peut comprendre (si pas admettre) qu'une éditrice qui se veut découvreuse de romanciers et de romancières, n'aime pas la poésie, qui ne rapporte pas grand-chose, se fait à petit tirage, et de façon artisanale. (A ce moment-là, le livre, objet d'art et artisanal, pallie le manque d'attrait des mots, des vers...)

Je me souviens d'une amie peintre essayant vainement de me faire comprendre qu'elle n'aimait pas la poésie, pis, qu'elle n'allait pas en lire, qu'elle ne la comprenait pas, qu'elle se méfiait des mots ! En somme, son message m'est "parvenu" beaucoup plus tard, quand je l'ai mieux cernée. Eh! Est-ce que je me méfie d'un tube de peinture à l'huile, moi ? D'une boîte de pastels ? (Pourtant, ça fait des taches!)

Se méfier des mots ! Cela ne signifie rien ! Nada! Queue dale! C'est une de ces phrases creuses que l'on répète, sincèrement peut-être, mais sans réfléchir. Jamais au grand jamais, il ne me serait venu à l'idée de dire à un de mes cops, rapins ou dessinateurs, "Oh! Proust ma chère! Je me méfie du trait, de la perspective, de l'anatomie, et de la couleur! " (Et je trouve que là, mon discours par l'absurde est déjà trop construit). Je me serais trouvée terriblement limitée, inculte, ignare et surtout très bête... J'ai même plutôt eu l'attitude inverse: mettre ma poésie et mes mots au service de leur oeuvre... Traduire l'émotion esthétique ressentie face à l'oeuvre picturale en mots. Malgré cela, j'ai souvent entendu, encaissé, voire admis, trouvé "normal" que l'on confesse pareille ignorance envers la poésie. Il y a eu d'autres discours aussi, et pour rester honnête avec moi-même, je ne peux pas les occulter.

Mais sans doute est-on très différent, face à l'art, à la littérature. Je suis curieuse. Je me documente, je m'intéresse au processus de création (du verbe créer cette fois, et non de mon néologisme "créater"), et donc, au travail des peintres, des photographes, des sculpteurs, graveurs, écrivains, gens de théâtre, musiciens, interprètes et compositeurs, (peut-être plus au travail des compositeurs... Quoique...) à la chanson, à l'architecture - oh combien ! Et même à des disciplines artistiques, avec un côté technique : l'urbanisme, l'illustration, la publicité, (surtout à travers son aspect historique), les arts décoratifs...

J'avoue que si c'était à refaire, je ferais des études artistiques. Et l'histoire de l'art. Après mon régendat. C'aurait été pas mal, tiens, j'imagine la scène: "Papa, maman, tout compte fait, au lieu de chercher du boulot et un intérim de 15 jours - 3 mois dans une école professionnelle, avec 3 heures de train + bus, je vais m'inscrire à l'Académie!" Mon père m'aurait dit "tu dois travailler pcq, pcq..." N'insistons pas! Et ma mère m'aurait reservi son fameux "Beaucoup d'appelés, peu d'élus." (Or, je crois maintenant qu'appelés ou non, élus ou non (par qui, d'abord?) c'est surtout une question de travail.

Accessoirement, j'aurais dû recommencer le dessin plus tôt. Après l'urbanisme, j'imagine. Au lieu de bêtement postuler dans un truc (très louable, au demeurant), mais qui ne m'a appporté qu'une cuisante, horrible déception...

Et surtout, j'aurais dû prendre cet apprentissage plus au sérieux, et ne pas le considérer djust comme une aimable occupation, djust comme un divertissement.

20061027_081

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Commentaires
P
J'aime écouter plus que comprendre la poésie.<br /> J'aime me laisser bercer par les mots roulants comme le roulis des vagues ou bien piquer ma curiosité comme les pizzicati de la pluie.
C
As-tu remarqu" chère Pivoine, que quand sur son blog on met un truc poétique, cela ne suscite que très peu d'intérêt? (de commentaires)<br /> Je vais dire ceci: pas mal de gens aiment ECRIRE de la poésie (parfois très mal, mais eux croient que c'est trè bien, tant mieux pour eux!)<br /> Mais peu de gens aiment LIRE de la poésie<br /> Eh oui! c'est comme ça!
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