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Mes carnets
20 janvier 2007

Le vieux Palais de Bruxelles

Hans Holbein fait partie de ces intellectuels, artistes, gens de Cour, Européens du XVIème siècle, qui voyagèrent dans toute l'Europe.

On sait qu'il fréquenta la Cour de Bruxelles, il tenait particulièrement le Palais des Ducs de Brabant en très grande admiration.

Ce Palais mythique m'a toujours fait rêver. Il fut construit pour remplacer le vieux castrum du centre-ville, devenu trop petit... Et permit à la Cour des ducs de Brabant d'émigrer, de l'île saint-Géry, vers le Coudenberg... Philippe le Bon lui adjoignit la Magna Aula (de même qu'il fit construire et dessiner la tour de l'hôtel de Ville de Bruxelles par son architecte, Jan van Ruysbroek) - (où Charles-Quint abdiqua en faveur de son fils, Philippe II), la chapelle de Philippe II; la rue d'Isabelle; la place des Bailles; la "Warande", avec ses vallons, ses chasses, ses fontaines, ses parcs à gibier... Que de richesses devait contenir ce palais! En tapisseries (nous avions un créateur de cartons de tapisserie fabuleux, Bernard Van Orley), en meubles, tableaux, statuaire, en livres aussi - dont heureusement, une partie fut sauvée et constitue un des fonds des collections de la Bibliothèque Royale.

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Joris van ZELLE
portrait de Bernard Van Orley, 1519
Huile sur panneau en chêne
Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles (c)

Deux dates traversent impitoyablement l'histoire de Bruxelles, où l'on voit son patrimoine se réduire en cendres: le bombardement à boulets rouges du vieux centre par les troupes de Louis XIV, sous les ordres du maréchal de Villeroi (l'armée et les canons campaient sur les hauteurs de Laeken et de Jette), les 14, 15 et 16 août 1695; l'incendie ne s'éteignit qu'en raison d'un orage diluvien s'étant -enfin- abattu sur Bruxelles.

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Source: http://www.cafe.umontreal.ca/~dany/brussels/index1.htm

Et l'incendie accidentel du Vieux Palais, dans la nuit du 3 au 4 février 1731. Longtemps, j'ai rêvé à ce vieux Palais. Quand je passais place Royale, en tram, j'imaginais les galeries combles, désertes, silencieuses et froides sous la place...

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Fin des années 90, on y fit des travaux de fouilles et d'aménagement,  (Le Mont des Arts devait devenir le quartier des musées, avec les deux musées d'art ancien et d'art moderne, BOZAR, (!) le MIM, la Bibliothèque Royale et ses dépendances - les appartements de Charles de Lorraine - tiens, voilà longtemps que je n'ai plus parlé de ces appartements). Aujourd'hui, on peut visiter les fondations de la Magna Aula, de la chapelle de Philippe II et les vestiges de la rue d'Isabelle, qui permettait à la l'archiduchesse Isabelle de se rendre à la cathédrale Ste Gudule, depuis une porte dérobée dans les murailles du Vieux Palais.

***

Bombardement

"Le bombardement de Bruxelles par Louis XIV
et la reconstruction qui s'ensuivit"
par les ARCHIVES D'ARCHITECTURE MODERNE
(Bruxelles)

***

Architecte et artiste florentin, Remigio CANTAGALLINA voyage dans toute l'Europe et croque Bruxelles, montrant de multiples aspects de la ville et de ses faubourgs proches... Voilà une vue de Bruxelles, de 1612, avec la chapelle de Philippe II, attenante au Vieux palais des ducs de Brabant, en partie cachée par l'Hôtel d'Hoogstraeten.

Il s'agit d'une pierre noire et sanguine, d'un lavis d’encre brune sur papier beige,

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Remigio CANTAGALLINA, vue de Bruxelles
(c) Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts)

La première enceinte de Bruxelles fait 4 km et les murs et les propriétés privées de Bruxelles en gardent encore quelques moëllons. Des parties sont bien visibles, comme la tour Noire, place Ste Catherine (dans les parages), la tour Anneessens, et le mur de la rue de Villers.

On peut voir aussi un morceau de l'ancienne enceinte - avec la tour du Pléban - dans le jardin du doyen de la cathédrale St Michel, quelques pierres disjointes recasées dans la maçonnerie de l'hôtel SAS de la rue Fossé aux Loups, probablement dans des caves de la rue du Midi, dans une tour du Palais des Beaux-Arts... 

Par contre, de la deuxième enceinte, qui faisait 8 km (bon à savoir si vous voulez vous exercer en vue d'une marche Adeps de 10 km: faire toute la petite ceinture à pied...), il ne reste que la porte de Hal. Et quelques moëllons dans la station de métro HOTEL DES MONNAIES. La porte de Hal fut restaurée, au XIXème siècle - dans l'esprit néo-gothique fort en vogue à l'époque...

Mon tour de 8 km dans Bruxelles (revu et corrigé depuis mon déménagement):  prendre :

- de la porte d'Anderlecht à la porte de Ninove (2 x 2 pavillons d'octroi, en pierre grise - musée des égouts porte d'Anderlecht),
- de la porte de Ninove (tour à plomb de la rue des Fabriques) à la place Sainctelette,
- De la place Sainctelette - par le boulevard, à la porte de Schaerbeek (Botanique - le jardin aux iris au mois de mai),
- de la porte de Schaerbeek à la porte de Louvain (place Madou), (quartier Notre-Dame aux Neiges),
- de la porte de Louvain à la Porte de Namur (le pavillons d'octroi sont à l'entrée du Bois de la Cambre, la fontaine est au terminus du 19, à Houba De Strooper),
- de la porte de Namur à la porte de Hal,
- et de la porte de Hal à la porte d'Anderlecht.

Le dénivelé des terrains, entre la porte de Namur et la porte de Hal, étant trop important, il n'existait pas de fossé rempli d'eau. Là où nous passons, à pied, en tram, en voiture ou en vélo, en jetant un coup d'oeil indifférent à la circulation du tourne-en-rond de la place Louise, il y avait "la" Grosse Tour, appelée encore tour aux Laines, parce que toute proche du quartier de la rue aux Laines...

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ILLUSTRATION: croquis de Remigio Cantagallina.
(c) Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts)

***

Si l'on savait, on ferait des photos de tout ce qui va, un jour disparaître. Comme les magasins de tissus, "Chez Franchomme", une sorte de "Bonheur des dames" à la Bruxelloise, je m'en souviens encore, mais très peu... Le magasin a été transféré avenue de Tervueren, juste après la rue des Tongres, puis a fermé ses portes. Je ne me demande s'il n'y avait pas aussi une succursale avenue Louise, à hauteur de la rue du Bailli. Des entrepôts, des murs de briques, des rayons et des rayons couverts de rouleaux de tissu... Les satins des doublures, les lainages d'hiver, les cotons joyeux...

Des grandes fenêtres qui donnaient sur des bouts de la Senne (et je ne sais plus où se trouvait ce magasin)... Et les caisses, monumentales, et ces dames perchées dans ces hauts meubles de style Art Nouveau... Cela formait comme une sorte de bureau-buffet surélevé, où la caissière trônait, derrière le comptoir en marbre où replier et emballer les tissus.

Et puis, les magasins de meubles Vanderborght, où l'on trouvait des papiers peints et tissus de décoration anglais (j'y avais choisi un papier noir à grandes fleurs dans les tons de beiges, gris et roses et tentures assorties pour mon ancienne chambre... C'était un peu sombre, mais j'aimais bien. Oh! Je me souviens enfin de la marque, c'était Sanderson) - et des services de table en Royal Doulton, Royal Albert... Bon, stoooop ! Pensons à autre chose...

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C'était un commerce de meubles, d'antiquités et d'objets de décoration de trop haute qualité pour dépasser le cap des années 80. (Peut-être un peu chérot, aussi). Et dans le fond, c'est aussi de là que viennent mon premier grand lit et ma table de nuit, de style "colonial anglais". Donc, j'ai intérêt à les garder... J'avais trouvé ceci en son temps, sur la Toile:

"CATALOGUE DE FABRICANT.- Catalogue des Grands Magasins Vanderborght Frères, 46 à 58, rue de l'Ecuyer, Bruxelles: «Le Bureau moderne. Meubles de bureaux».Saint-Gilles, Imp. Wellens, s.d. (vers 1935), in-12, 90 p., couv. cart. EUR 20.00 = appr. US$ 24.80".

Après la faillite et la vente publique (j'avais des amis qui y avaient racheté des collections de tentures...), a commencé la construction du Radisson SAS Hôtel. Une partie des magasins (les bâtiments étaient quelconques) est restée côté rue d'Arenberg, et abrite l'une ou l'autre expo, voire manifestation culturelle (comme le fameux Bruxelles 2000). Dans le mur du parking, il y avait des pans entiers de l'ancienne enceinte et le cahier des charges stipulait de prendre les plus grandes précautions pour le maintenir en état. Mais ces murs se sont écroulés et le nouveau propriétaire a casé quelques pavés et pierres dans le mur du fond de la grande salle. Je suis allée visiter l'hôtel, par curiosité,  lors d'une journée de l'architecture à Bruxelles. En quelle année ? 1992 ? J'avais visité la galerie d'Huysser au Sablon, rénovée, en même temps...

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Et enfin, un de mes plus beaux souvenirs, "L'Union Economique", rue du Vallon, à St Josse...
C'était une coopérative, avec un salon de thé mémorable (je sens encore le parfum du café et de la brioche flotter dans ma mémoire). Des magasins d'alimentation, de vêtements, de chaussures, de meubles, de vaisselle, une maroquinerie: tout, on y trouvait de tout ! Et même un étage où l'on commandait son charbon.

Sans oublier la librairie où nos parents nous lâchaient, le samedi après-midi, avant de nous récupérer à la fin des courses... Il me semble assez bien me rappeler que nous nous sommes arrêtés, à deux reprises, au rayon des télévisions (nous n'avions qu'une TSF), pour regarder les funérailles de Churchill, en noir et blanc... Et une arrivée triomphale d'Eddy Merckx au Tour de France...

(A l'ombre de mon église, 10-11.02.2006)

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Commentaires
P
@ Luc Vincent. Wouawh! Merci. Vos souvenirs sont plus précis que les miens, j'étais très, très, très petite. Mais il y avait un Franchomme avenue Louise aussi. C'était plus "classe". En vous lisant, c'est curieux, j'ai revu (et entendu) les immenses rouleaux de soie (ou de satin, pour les doublures) que l'on déchire. Et les grands mètres bâtons...
L
bonsoir,<br /> <br /> comme vous j'ai les souvenirs de "Franchomme" dans les yeux, narines et oreilles ( quand on incisait la soie avant de la "déchirer" ).<br /> Ces magasins se trouvaient entre la chaussée d'Anvers et le canal,<br /> avec , à l'arrière, un parking entouré de murs en briques rouges.<br /> <br /> Luc Vincent
P
Oui, il a fallu démolir les ruines... Combler et niveler le terrain et le surélever pour pouvoir édifier le "quartier royal". (Place royale fermée d'abord, et les deux hôtels (séparés par une rue) qui, réunis, formeront le futur palais royal (agrandi et embelli sous Léopold Ier d'abord et II ensuite).
F
Superbe billet ! Tu n'as pas du talent qu'en peinture.
N
Un article bien intéressant. Dire que je n'ai pas encore visité ces souterrains de la Place Royale... Pourquoi sont-ils en souterrain, d'ailleurs ? On a construit par dessus ?
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