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Mes carnets
17 janvier 2007

Divers d'hiver

Eh bien voilà, je ne suis pas fibromyalgique ! Ouf !

Mais! Mais. Il y a un mais. Et dans le fond, ça ne vaut pas mieux : j'ai bel et bien une pathologie neurologique irréversible, une moëlle épinière resserrée à 50%, une myo- quelque chose... à hauteur de C5-C6, avec une arthrose généralisée, plus encore un autre truc en -ose.

Donc, c'est ça qui me faisait tant souffrir depuis deux ans... J'ai pourtant "bougé". Je suis retournée en rhumato, j'ai revu la spécialiste qui avait détecté la hernie discale... J'ai fait de la physiothérapie (mais quand j'avais rendez-vous à 9h30, je n'y arrivais pas, naturellement...) Au mois de septembre, les douleurs sont devenues tellement galopantes que j'ai pris rendez-vous avec une rhumato dont la spécialité est de détecter la fibro.

Elle a parcouru mon dossier... Air soucieux ponctué de "ouh là là, là là, là là..." (Bis repetitas et même, ter repetitas). Pendant ce temps-là, je me racrapotais dans mon fauteuil. J'essayais de mettre quelques pauvres mots sur ce que je ressens (les levers matinaux épouvantables, les minutes que je passe à détendre les doigts, décrisper mains, avant-bras, poignets, coudes, les mouvements de nuque, d'épaules, les larmes qui coulent à se sentir moche, douloureuse, percluse, raide comme un piquet...) - Et en oubliant la moitié (la myopie galopante, et les acouphènes qui rendent à moitié folle).

Mais elle a dit: "bon. On va vous soigner pour ce que vous avez." Et là, j'ai pensé "ouf!" - Bien sûr, je préférerais ne pas avoir ce que j'ai (et qu'on a après un accident d'auto, par exemple, combien de fois ne m'a-t-on pas demandé : "vous avez eu un accident de voiture?" - mais non, je n'ai pas eu d'accident de voiture. Je n'ai même rien fait. Rien du tout. Mais quand j'étais gosse et que je devais faire des cumulets, au cours de gym, je m'écroulais comme une chiffe. Dans un moulin (qui ne tournait pourtant pas très vite), à une fancy-fair, j'ai été prise de vertiges et je suis presque tombée dans les pâmes. A l'unif, j'ai eu une violente crise de névralgies intercostales - qui m'a valu mes premières radios de la nuque, mes premières séances de kiné et les premiers cocktails anti-inflammatoires, relaxants musculaires, vitamine B et anti-douleur. A l'époque, j'avais demandé au généraliste: "c'est opérable?" et il m'avait répondu: "dans l'état actuel des connaissances, non."

Mais vingt ans après, ça l'était.

Chez l'architecte, il m'arrivait de descendre dans la cave et de m'étendre par terre, de tout mon long, pour mettre ma colonne vertébrale à plat. J'ai porté une minerve que j'ai eu la bêtise de jeter en me disant (maintenant que j'ai été opérée, elle ne me servira plus à rien) - mais de toute façon, ça faisait terriblement mal, parce qu'elle était rigide.

Et puis, cette minerve me rappelait des souvenirs tellement pénibles. J'avais dû la porter pendant un mois après l'opération... Je venais à peine de la retirer quand mon compagnon a commencé à me faire une vie d'enfer. Scènes de jalousie, reproches, pompage de mon compte courant, contrôles de mes allées et venues, de mes appels téléphoniques, même un coup... Un jour... Comment ai-je pu occulter cette violence pendant des mois? Quels affreux souvenirs ! Un mois de convalescence, un mois de cauchemar, mais après, c'est vrai, le départ vers une autre vie. Est-ce possible ? J'ai raconté tout ça chez le juge de paix... Et le juge de paix ne m'a pas crue. Personne ne m'a crue. (Sauf ma famille proche et en un sens, je leur dois la vie). Je sortais de neuro-chirurgie et les amis et connaissances ont agréé la fable selon laquelle j'aurais trompé mon ex-mari avec x, y, z... Mais le principal, c'est que mon fils ne l'ait pas cru. Sa confiance en moi a été ébranlée; en un sens, on l'a rendu complice de cette violence, mais au fond de lui, il savait la vérité.

C'est tout ça que je revis, chaque fois que je vais en rhumato, à Erasme. Y compris la trahison d'un membre de ma propre famille...

... J'ai aussi eu une collègue - une chouette personne d'ailleurs, qui souffrait le martyre - elle avait les mêmes pathologies que moi - mais elle était inopérable. Les problèmes se situaient plus haut, vers C1, C2 ou C3. En fait, l'opération permet, tout simplement, de ne pas se retrouver avec un bras ou deux bras paralysés. Elle et moi, on se soutenait souvent mutuellement. On avait les mêmes migraines, les mêmes céphalées, les mêmes cous bloqués. On n'avait pas toujours mal en même temps. Et elle était du style à râler, j'étais du style à me terrer.

Cette fois-ci, j'ai une prescription pour des médicaments adaptés. (J'espère que je les supporterai...) Et de la kiné - pour les affections neurologiques, on a droit à plus que les 9 ou 18 séances par an et par pathologie, laissées "généreusement" par un de nos satanés ministres. En voilà un à qui je souhaite une hernie discale et de l'arthrose et de l'arthrite et des spondylarthrites ankylosantes et tutti quanti...

J'aimerais mieux avoir une moëlle épinière normale, djust normale, et donc, pas de kiné. Je préférerais  faire de la gym ou du stretching (tiens, je devrais peut-être m'y remettre, au stretching!) pratiquer le massage thérapeutique aux huiles essentielles, dans lequel je ne me défends pas mal... Dans lequel je me défendrais même bien, si j'avais des bras qui ne sont pas en kaliche zap, comme on dit à Bruxelles.

Pour mes prochaines vacances, vais-je tenter l'ascension de Medjugorge ? Euh, je ne crois pas...

Après tout ça, j'aurais dû aller boire un thé et manger un croque monsieur. Ce sont de bons moments que je me réserve, après les rendez-vous et/ou des examens médicaux. Mais là, je n'avais vraiment pas le coeur à ça.

Et dans un jardinet à Erasme, j'ai vu deux arbres en fleurs. Je suis restée pétrifiée, en me disant qu'on était le 17 janvier, que je n'avais jamais vu ça et que ce n'était pas normal, même si l'endroit est protégé du vent, et même si, par hasard, il y avait une bouche d'aération pas loin...

A la station de métro Erasme, il y a la photo d'un type (un contemporain, mais qui? Un anonyme? Une personnalité?) qu'on a revêtu de la houppelande d'Erasme. C'est plutôt moche, comme oeuvre d'art... Mais ceci par contre, est assez remarquable. Vésale était un grand bonhomme...

illustration_vesale2

illustration_vesale1

Gravures illustrant la première édition d'un livre d'André VESALE.
Source: la fabrique du corps humain.

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Commentaires
L
Sacré courage dans ce corps perclu.<br /> Tu ne t'en rend peut-être pas compte mais c'est un vrai témoignage ce que tu nous donne-là. Alors merci!
C
Quel joli nom Camille de Fleurville, j'aimerais qu'il soit le mien , moi c'est tout simplement Camille Benoit <br /> Bonne journéee Pivoine
P
Merci... Camille ;-) <br /> <br /> Camille de Fleurville ?
C
Je ressens de la compassion pour vous, la vie est un éternel combat,et je ne peux que vous souhaiter un bon rétablissement votre force de caractère vous y conduira.<br /> A bientôt
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