Au cours du soir, ce soir

C'est peu de dire que j'y suis allée avec des pieds en plomb. Je serais bien restée chez moi, à rêvasser, (je rêvais justement à une histoire très agréable), mais finalement, je me suis décidée à sortir. Si je reste trop à l'intérieur, on finira par me trouver à terre, en train de miauler et de manger à même une gamelle, au sol.
Il faut quand même rester une femme civilisée...

Grand bien m'a fait ! J'ai terminé mon autoportrait (tout ce rouge me donne mal aux yeux, moun Dioun! Mais j'aime le rouge, l'eusses-tu cru!)

Quelques dialogues:

Elève 1: (après les bonjours et les embrassades)
"Aaah! Tu fais ton autoportrait? Aaaah! C'est bien, dis! C'est difficile aussi"...
Moi: "oui, c'est difficile..."
(En fait ni plus ni moins que le reste, je trouve, TOUT est difficile en peinture!)
Elève 1: "Aaaah! Et tu as peint et "lui" -le prof- a dessiné?"
Moi (surprise): "Mais non, c'est moi qui ai dessiné"
Elève 1: "Aaaah! Parce que c'est difficile!"
Moi (pas envie d'expliquer comment je suis venue au portrait... Ca fait bien vingt ans que je m'y essaie...) "Oui, mais j'ai déjà fait du modèle vivant, des portraits et de l'autoportrait".

Prof: "Ne bouchez pas votre peinture..." -
"Ne dessinez pas trop les traits" -
"restez dans la courbe" - "c'est pas mal" -
"c'est ce qu'il y a de plus difficile, le portrait." -
"Il faudrait moins simplifier les yeux" - "par exemple, le nez, c'est bien..." -
"Détachez-vous de ce que vous avez vu faire et trouvez votre propre mode d'expression"

(il donne de bons conseils ce cher Prof).

Elève 2: "haaan! C'est bien dis"
(Elle me regarde, (silence), puis regarde la peinture... Re-silence)
... "Et tu ne peins pas tes lunettes?"
(Je l'attendais celle-là...)
"Nan!" (mais je réponds plus gentiment que ça...) "Je ne peins pas les lunettes, (en riant), c'est moche et puis c'est ce qu'il y a de plus difficile".
Et aussi, ce que je n'ajoute pas, c'est que cela n'irait pas du tout avec la peinture que j'ai faite.

***

Quand, surprise !

Félix, notre prof de l'an dernier, notre "père spirituel" - et médecin accoucheur à tous, est arrivé, en visite, comme ça, à l'improviste.

Quelle surprise ! La surprise était d'autant meilleure qu'il m'a rapporté les travaux de l'an dernier, toutes ces peintures que je me désolais de ne pouvoir regarder, de temps à autre, le "Morandi" du début de l'année, mes "Schmitt-Rotluuff" et le reste.

Je me faisais la réflexion que j'ai vraiment commencé à travailler, travailler pour apprendre, dans le courant de 2004... Si je mettais côte à côte ma première peinture, et celles d'aujourd'hui ! Quel apprentissage! On ne s'imagine pas. Déjà trois années de travail intensif, 2004, 2005 et 2006.