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Mes carnets
23 août 2006

Les Gens de Mogador

Après quelques essais infructueux, en juin 1979, j'ai pris le premier tome des "Gens de Mogador", ou l'histoire de Julia Vernet...
Et j'ai lu, consciencieusement, page après page, chapitre après chapitre, les six tomes de la saga.

L'histoire de Julia Vernet, née Angellier, de Ludivine, née Peyrissac, et de Dominique Vernet, s'étend du Second Empire à ses débuts - avec les fiançailles de Julia Angellier et de Rodolphe Vernet, à la mort de Numa Vernet, le cousin et l'amant de Dominique Vernet, dans une opération de résistance, en 1943.
Dominique Vernet, la dernière exploitante et héritière du domaine.

J'ai lu, avalé, dévoré, vécu, cette histoire de sang, d'amour, de Provence, avec une fascination de de plus en plus grande...

Et quand j'ai tourné la dernière page de "Dominique Vernet", quand j'ai fermé le livre, que je l'ai regardé, sur la tablette du secrétaire où je travaillais, j'ai attendu quelques minutes, puis, doucement, j'ai repris le premier tome, j'ai ouvert la première page, à ces mots, que je connais par coeur : "L'aire sans ombre brasillait sous le soleil de juin" et j'ai relu le roman en entier, de la première à la dernière ligne.
Je l'ai relu plusieurs fois encore, après...

Il y a quelque chose de déchirant dans le style d'Elisabeth Barbier (pourtant parfois inégal), qui me remue profondément.
C'est un de mes livres-phares, un de ces livres dont je ne peux me passer (c'est bien simple, je l'ai en double...), j'en connais des passages entiers par coeur, et je crois même avoir littéralement "intériorisé" le style de l'écrivain. Car c'est un roman à la fois merveilleux et terrible.
Autant que "Serres Paradis" par exemple, oeuvre moins connue.

Mille fois supérieur, aussi, tant du point de vue du fond que du point de vue de la forme, au feuilleton que Robert Mazoyer en a tiré, avec pourtant beaucoup de conscience télévisuelle - peut-être même un peu trop!.
Elisabeth Barbier a d'ailleurs complètement désavoué cette adaptation de son roman, Mazoyer ayant par trop esquivé la dimension dramatique (et parfois réaliste), du roman... Et donc tronqué, voire, escamoté, bien des personnages.

En effet, Elisabeth Barbier, veuve d'un médecin, n'y allait pas par quatre chemins, notamment quand elle décrivait une agonie et un décès...

*****

Des costumes d'Arlésiennes

" A quelques jours de là, Ludivine et ses filles revinrent, chargées des trésors de la Gloriette: raides soieries anciennes dont les plis se cassaient dans un bruit frissonnant comme un frôlement d'ailes... vieux brocarts somptueux, "cambrasines" de blonde, ou d'aérienne mousseline, de quoi reconstituer plusieurs costumes d'Arlésienne, dont un du dix-huitième siècle."

"Les coiffes "à plechoun", "à grandes ganses", "à la chanoinesse", à "bouts", "à la cardeline", enfermant de purs profils dans leurs transparences médiévales, donnaient aux visages de jeunes filles une gravité délicieusement adoucie par les cheveux bouclés de chaque côté, "à la recouleto".

"Anne était ainsi, ravissante dans ce costume, le buste pris dans un "droulet" de moire verte à fines rayures roses, aux pans doublés de satin glacé rose, ouvert sur une robe à grands ramages.
A la ceinture de son tablier de "pisé", (cotonnade ancienne), s'attachaient les ciseaux d'or, au bout de leur chaîne.
Une broche antique fermait le décolleté de sa "moudesto" (modestie), brodée de fleurs."

"Moulée dans "l'ese" noire à manchettes de dentelles, la jeune femme portait une jupe et un fichu de brocart bouton d'or.
Les plis du fichu ouvert sur la "chapelle" de gaze blanche, retenue derrière par une épingle d'or, découvraient "en cabane" la nuque onduleuse, donnant aux lèvres l'envie d'en éprouver la souple tiédeur.
Sur la masse alanguie de ses cheveux coiffés en doubles bandeaux découvrant les lobes d'oreille, le ruban de velours noir gaufré s'enroulait autour de la mousseline blanche, piqué devant de deux trous d'ombre, sobre et léger diadème, plus noble qu'aucune couronne."


Elisabeth BARBIER, extrait de "Les Gens de Mogador",

Frédéric, Ludivine et Hubert Vernet


"Tout aurait pu être ainsi. Notre maison... Celle que j'aurais habitée avec elle... Nous rentrerions d'une course à la ville. Je la verrais aller et venir dans notre chambre, sourire en se recoiffant devant le miroir.

Nous parlerions de mille choses simples et, le soir venu, elle aurait, pour moi seul, ce geste de tirer les rideaux entre la nuit et nous..."
- Eh bien, à quoi rêvez-vous?... Hubert! Où étiez-vous parti encore?

Loin, ah! si loin vers un pays qu'il n'atteindrait jamais; dont le désir l'avait poursuivi sans relâche à l'autre bout de la terre; et il savait à présent que ce désir, rien désormais ne l'en délivrerait."

Elisabeth BARBIER; extrait de "Les gens de Mogador",
Ludivine, tome II,
Paris, Julliard, 1947.

Note: Ludivine est l'épouse de Frédéric Vernet, le second maître de Mogador, (et frère aîné d'Hubert, à qui elle fait don de son propre domaine, "La Gloriette").
Elle a cinq enfants: Isabelle, Anne, Christine, Dominique et François Vernet.
Frédéric meurt en 1913, Christine et François, pendant la guerre de 14-18, ainsi que Ludivine, atteinte de tuberculose.

*****

2006-08-24, 15:44:05
nostalgie
je crois que vous êtes une nostalgique elegante ! à vrai dire on vous imagine très bien habillée à la mode des gens de mogador . <br>la nostalgie vous va bien , mais qu'est ce que ça donne la joie de vivre , c'est peut être pas mal aussi ? <br> <br>amicalement et respectueusement vôtre .
http://alceste.overblog.net.over-blog.com
alceste antonargwillou@hotmail.com

 
2006-08-24, 15:00:18
Bonjour Pivoine...
J'aime beaucoup ce genre de saga, je l'ai lu il ya longtemps et tu me donne envie de le reprendre....mais en ce moment, je relis "Les pays lointains" de Julien Green, je suis a la moitié dela première "brique", il y en a deux...c'est une oeuvre magnifique. C'est le chant profond du "sud profond" et mieux encore l'hymne à un monde qui meurt.Le connais tu ? <br>Gros bisous et bonne fin d'après-midi.... <br>Ps: c'est pas la joie les blogs aujourd'hui, il faut un temps fou pour afficher les photos !
http://humour051.skynetblogs.be
Chadou/Yes http://insolite.skynetblogs.be

2006-08-24, 09:01:38
Préjugés
S'il y a bien un roman dont je n'ai jamais eu envie de lire la première page, c'est bien celui-là. Merci la télé! <br>Je viens de changer d'avis et j'irai peut-être même jusqu'à oser le feuilleter lors de ma prochaine visite en librairie. L'acheter? Non, faut pas exagérer... <br>:)
http://h2so4.skynetblogs.be
A.Cide

2006-08-25, 09:11:24
merci !
tu viens de me donner envie de le lire... <br> <br>ça fait un bail que j'hésitais, devant cette oeuvre, ne sachant pas si j'allais adhérer au style. <br>après t'avoir lue, je m'en fiche d'adherer ou pas. je VEUX le lire !! *rire*
http://patitouille.canalblog.com
pati ticya@free.fr


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Commentaires
P
lol, Pascal, que fais-tu au milieu des Gens de Mogador? Je me réjouis du bénéfice que cette soirée a engendré. J'espère que cela leur sera utile. Bisoux!
P
LE BÉNÉFICE DE NOTRE RENCONTRE EST DE<br /> <br /> 793,30 EUROS<br /> <br /> 32000 FB<br /> <br /> TOUT AU BÉNÉFICE DE LA MAISON DU CŒUR.<br /> <br /> MERCI A TOUS<br /> <br /> MERCI POUR VOTRE GÉNÉROSITÉ
C
Moi aussi, j'aime lire et relire "les gens de mogadr" que j'ai lus la première fois alors que j'était une toute jeune femme. C'est histoire m'a fait prendre conscience du temps qui passe, de la succession des êtres d'une famille qui la composent, de l'empreinte que checun d'entre nous laisse sur cette terre.<br /> Je m'intéresse aux différente parutions de ce roman mais, hélàs, je n'arrive pas à m'y retrouver dans les différentes éditions : en quatre volumes, en six volumes ; pour l'édition de 1952, le titre est "julia Vernet de Mogador" ; pour certaines éditions il y a des gravures d'André Vilar...... Qui pourrait m"en dire plus.<br /> Avec tous mes remerciements.
P
Ne connaissant pas suffisamment la genèse du roman, j'ignorais que Fontvieille était Fontfresque et pourtant, cela va si bien au roman ! C'est à Fontvieille qu'un jour,j'ai vraiment "senti" la Provence, que je l'ai "respirée". C'est un pays qui se "respire". Et les Gens de Mogador, cette famille qui oscille entre la bourgeoisie et la noblesse, en sont une respiration. Oui, il y a du désenchantement, il y a même du drame (quand une des héroïnes perd mari, enfants... E. B. n'y va pas de main morte - on se rend compte qu'elle était l'épouse d'un médecin). Moi aussi, j'aurais aimé rencontrer Elisabeth Barbier. Lisez "Serres-paradis", si vous ne l'avez djà fait, on la retrouve très fort dans ce roman (unique) d'un jardin miraculeux - mais on y retrouve aussi sa tristesse. Et en même temps quelque chose qui échappe à la juste dimension humaine.
I
J'ai tant aimé les gens de Mogador. Je ne passe jamais à Fontvielle (Fontfresque ? dans le roman) devant le chateau d'Estoublon sans avoir le sentiment de mettre mes pas dans les leurs.(le choix de cette propriété pour le tournage de la série est bien la seule chose positive du feuilleton par ailleurs détestable) J'ai lu tant de fois les livres d'Elisabeth Barbier qu'il me semble que tous ces personnages ont réellement existé, que je vais les croiser au détour de la route.... J'aurai aimé rencontré Elisabeth Barbier avant sa mort tant j'ai de questions à lui poser ... Quoi qu'il en soit les gens de Mogador m'accompagnent. je les relis souvent mais je ne peux ensuite me défaire d'une tristesse indiscible. Je les aime infiniment mais je les trouve profondément désenchantés (si je vous dis que j'ai une tendresse particulière pour Hubert, ça ne vous surprendra pas).Je partage la vision de la vie d'Elisabeth Barbier mais ça ne me fait pas toujours du bien.
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