Une journée comme une autre...
Vers 07h30, 39 ! Aïe! Une douleur subite part de l'occiput, irradie dans la tête, ça fait boum! Boum! A grand bruit. Je me réveille, toute crispée, racrapotée, les poings serrés, la tête coincée dans l'oreiller écrasé contre la tête du lit.
Dans le salon, un chat (Félix? Bobby?) vomit les poils de la nuit... C'est Félix, cette fois, il mue...
Je me déplie, me dénoue, croque un orteil, une main, un poignet, je secoue un peu l'oreiller, mets mes lunettes. Pfff! 07h39! Si je me lève, ma tête se calmera peut-être.
Je me lève, rejoins le living en zigzaguant... Je nettoie ce qui traîne par terre, ouvre le robinet d'arrêt de la chasse d'eau (qui coule depuis noël), je tire 2 ou 3 x la chasse, je vais boire un peu de coca avant d'avaler un -zozole quelconque, censé protéger mon estomac... Je dois faire ça 20 minutes avant de prendre de l'ibuprofène... J'en profite pour nettoyer l'écurie des chats. Ils me regardent avec leurs yeux ronds, attendant de nouvelles croquettes de patte ferme.
Le voisin ouvre ses volets électriques et secoue quelques sauts en plastique sur sa terrasse. Je me demande si ce ne serait pas un cambrioleur! Mais non: ils vont bientôt entamer leur grand nettoyage de printemps (mes voisins, pas les cambrioleurs).
Après, ça va mieux, les marteaux se sont calmés, je décide de me remettre juste un peu au lit. Je réfléchis alors aux multiples solutions à écrire en-dessous de mes problèmes et en-dessous des problèmes des autres. J'ai des idées miraculeuses pour les aider et leur épargner des souffrances que je sais pertinemment ne pas pouvoir leur épargner. Sur ces équations insolubles, avec deux ou trois feuilles en main, un chat couché dessus, et un gsm à proximité, je me rendors.
10h00, 11h00 et quelque. Beaucoup de quelque! Je me réveille en sursaut avec un nouveau marteau qui vient de taper contre mon crâne. Je suis en train de regretter d'avoir proposé à mon mari (qui n'est plus mon mari depuis six ans) de reprendre la vie commune. Parce que dès que je lui propose ça, une avalanche de reproches me tombe dessus. Mais ouf! Ce n'était qu'un cauchemar - pas la réalité.
Cette fois, la tête fait encore plus mal, mais là, je vais un peu manger. Et donc prendre l'ibuprofène. Que j'avale entre deux tranches de cake aux pommes, un cake que j'ai fait hier soir (au lieu de me reposer). J'hésite entre deux choses à faire, j'ai x coups de fil à donner à des médecins divers. Je me rends compte que je suis complètement nébuleuse, à côté de mes pompes... Comble de masochisme, j'ouvre l'ordinateur, l'écran me fait mal à hurler. Ce n'est vraiment pas raisonnable. Si je veux que l'ibu-machin-chose fasse de l'effet, j'ai intérêt à m'arrêter.
Et là, je prends tout, ibu, triptan, mais ça continue à faire mal! Diable! Là-dessus, je réalise que Bobby, le salopiot, a refait pipi dans le divan. Je lui colle ma main sur le museau et le mets dans son bac, le chat souffle et grince, toutes griffes dehors, il déteste ça ! Je vaporise de l'airbrèze à qui mieux, mieux, j'annule tous mes rendez-vous du jour...
(A 14 heures, je devais apporter "Le chagrin des Belges" à mon fils et il devait me fourguer des notes sur Proust... En vue d'une analyse littéraire! Pfff! A mon âge! Devoir analyser Proust! Et nous sommes censés aller manger une glace au Framboisier doré), mais là, je décrète l'état d'urgence j'appelle enfin la Rose au secours.
15h00. La Rose essaie de me faire dire ce que j'attends d'elle (ce n'est pas simple, je bredouille, migraine aidant, comme elle, d'ailleurs, qui a aussi mal de tête), elle accourt sur son gris destrier, avec: du stop-pipi de chat, du désodorisant pour litières, et des renseignements sur les chats qui, à 4 ans, refont pipi dans un divan... Mais elle n'a pas trouvé de souris qui tchipèle... (Le chien d'un copain a mangé la souris de Sido, ma chatte, et j'ai dû jeter la souris lacérée, mais toujours "tchipelante", dans un récent sac poubelle. A mon avis, la souris tchipèle toujours quelque part dans un tas d'immondices bruxellois).
Elle a tout puisé sur internet ("c'est une mine d'or! Le net!" Me confie-t-elle. Donc, si un chat fait pipi, je ne peux pas le battre (je bats mes chats, moi?) parce qu'il cherche à marquer son territoire - surtout si un autre animal est arrivé dans ma sa vie. Nous ne visons personne, suivez notre regard... Bobby encaisse mal l'arrivée d'un certain chien (adorable pourtant) sur mes traces. Nous voilà en train de faire la psychanalyse de chats.
16h00. On en profite refaire mon lit, (une couette de 2m40 sur 2, ça ne reste jamais en place), je renifle tout ce que je trouve un peu jaune, tant j'ai la hantise du pipi de chat. Je viens à peine de guérir de la phobie des cafards (pas du cafard, non, des blattes, qui ont hanté l'immeuble pendant quatre ans!)
Enfin, devant un thé (du green earl-grey), je me lance dans une violente diatribe sur la déréliction du marché immobilier - mais, ça fera l'objet d'un autre post...
Et enfin, 17h00, elle repart, je l'accompagne jusqu'à sa voiture, elle est chargée des affaires que les chats ont heu, salies... Déjà deux ou trois fois que je lave les housses du divan. Et je ne peux plus tout lessiver chez moi, à cause des remontées de mousses lessivielles dans les tuyauteries de l'immeuble (pour rappel, un Etrimo de 1966...)
Enfin, à 18h30, je vais chez la kiné. Elle me remet à l'endroit, et dans l'axe, la nuque sur mes épaules, la tête au sommet de la nuque, les bras, dans la continuité des épaules et les coudes et les poignets au bout de chaque bras.
Je rentre, je mange, je donne un ou deux coups de fil, je soupire, me laisse aller, ffff, la vie est dure pour les honnêtes gens, et voilà, 21h30, la soirée est bien entamée et tout doucement, hypocritement, insidieusement, les rhumatismes recommencent à me faire sentir qu'ils sont toujours là...