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Mes carnets
20 août 2007

Je suis Narcisse et je me soigne... (4)

Retour sur l'année 2001. C'est une année terrible.

Pourtant, c'est une année-clef. D'abord, il y a la mort de ma mère. Difficile d'évoquer ce que j'ai ressenti. Je me souviens de l'angoisse qui a précédé, de la certitude désespérée qui m'a envahie quand j'ai appris qu'elle avait une fracture qui ne pardonne pas. Et des cauchemars de la nuit du samedi au dimanche. Et puis, le désespoir, mais un désespoir permanent - auquel il n'y a aucune échappatoire. Parce qu'on est poursuivi par la réalité que ça devait arriver un jour, et que voilà, on y est.

Ce qui me fait tout drôle (encore un texte que je vais finir par censurer, j'en ai peur), c'est que j'ai l'impression, à me relire, qu'il y a là un phénomène bizarre. Dieu sait si je l'adorais, en même temps, j'ai comme l'impression d'avoir vraiment accouché de ma propre vie, au lendemain de sa mort. Avec en prime, cette drôle de maladie, le cancer. (Que je développais depuis 1997... Et qu'on allait m'extirper un an après.)

2001, donc. Parallèlement, j'ai eu une grosse déception. Ca n'a rien de comparable avec un deuil, (ni avec tout ce qui suit la mort d'un parent), mais comme ça s'est passé dans la foulée du deuil, je me suis retrouvée par terre, complètement assommée. Et j'ai survécu. J'ai fait tout ce qu'il fallait faire, jour après jour (et pas mal de conneries aussi, ;- et je pèse mes mots...) Et pendant une période indéterminée, j'ai pris des médicaments pour dormir le plus possible. Je dormais dans mon divan, plein de coussins, dans la pièce que j'avais choisie comme séjour, et qui était d'ailleurs mon ancienne chambre. Dormir, c'était le seul moyen d'échapper à mon désespoir.

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A la même époque, quelqu'un m'a dit: "qu'allez-vous faire de votre vie?" - Dans le sens où: qu'allez-vous mettre dedans?

J'ai l'impression d'avoir réfléchi tout en répondant, machinalement, que je n'envisageais pas du tout de faire du caritatif, (je l'ai déjà dit, je ne suis pas une sauveuse, surtout quand je joue à l'être ;-) mais que, par contre, il y avait deux choses que j'aurais aimé faire. Marcher, faire partie d'un groupe de marche, et pratiquer une activité artistique. J'ai dit ça presque malgré moi.

A partir de là, je ne voyais aucun chemin, au sens propre et au sens figuré. Quand j'ai répondu ça, j'espérais bien ne pas devoir complètement réorienter ma vie. Mais je n'ai pas pu en faire l'économie.

Je n'ai pas eu le choix.

Le plus drôle est que, maintenant, quand je regarde en arrière, j'ai fait tout ce que j'ai dit. Fin 2001, j'ai fait connaissance de la Rose, et on s'est découvert pas mal de goûts communs. Elle marchait et je voulais marcher. Son côté baroudeuse (;-) m'intriguait. Elle avait l'air si sage, si posée, si raisonnable! Là-dessus, j'ai marcher. En 2002, (comme si 2001 n'avait pas suffi!) parmi les conseils post-cancer qu'on m'a donnés, on m'a dit: "vous devez faire du sport". Et j'ai décidé de l'accompagner dans ses marches Adeps (que je connaissais déjà). 

Quelqu'un m'a dit un jour: "vous écrivez? Très bien, écrivez donc vos bons et vos mauvais jours!". Je n'ai jamais su écrire les mauvais jours, par le biais de la poésie. Mais après tout, n'est-ce pas ce que j'ai fait avec ce blog? Je vais bien, j'écris. Je vais mal, j'écris aussi. J'efface le lendemain, et après, je recommence.

Avec la peinture et le pastel,  par contre, TOUT sort. Et ça, c'est aussi un prof qui l'a vu (tiens, le même que celui qui m'a parlé du structuralisme). Devant une peinture, que j'avais faite -presque par hasard, sans réfléchir- il a dit qu'il y avait un contraste étonnant entre ce que j'écrivais, de très consensuel, et la force qui s'exprimait dans ma peinture. J'étais stupéfaite.

Pour ce qui est de ne pas se connaître et de ne pas vouloir se connaître, j'ai vraiment été la championne.

Enfin, en 2004, j'ai commencé à peindre. Ca ne s'est pas fait tout de suite. En 2002, j'ai fait un stage de chant, avec la Ligue de l'enseignement. C'était à Jodoigne, en résidentiel. Le dernier soir, les différents ateliers étaient ouverts et on pouvait voyager de l'un à l'autre. Il y avait un atelier artistique et je me suis essayée à l'aquarelle. Là, il y a la personnalité du couple d'animateurs, Harry et Marianne. Harry Birkholz est un artiste plasticien d'origine allemande, (et un prof formidable), natif de Cologne, je crois. Sa peinture est abstraite, pas toujours, mais très contemporaine. Il pratique l'aquarelle, l'acrylique, le dessin, tout.

C'est chez lui que j'ai fait mon premier stage... Et ce tableau :

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Après, tout s'enchaîne. Une copine me parle des Ateliers d'art contemporains, à l'Académie. Je m'y suis inscrite, pour deux stages, de perception de l'espace et d'auto-portrait. En  2005, j'ai refait un stage de peinture, plus un stage de mosaïque (un matériau qui m'a toujours fascinée). Début 2005, j'ai découvert qu'il y avait une académie des beaux-arts francophone à Anderlecht et je m'y suis inscrite en 2005-2006. De nouveau après deux stages: couleur et dessin anatomique et des cours de dessin (et encore de couleur).

Au début, j'ai pensé que j'étais folle. Comment et pourquoi apprendre la peinture, à mon âge... (surtout quand on n'est pas "douée" ;-) et c'est toute l'histoire de mon premier blog, sur skynet.

Et voilà, la boucle est bouclée. On est en 2007, je vais avoir 50 ans, et je suis en train de faire TOUT ce que j'avais dit en 2001. J'ai comme l'impression que mon histoire, telle que je la perçois aujourd'hui (et donc, telle que je la raconte), serait, quelque part, pain bénit pour la psychanalyse... (Et après tout ça, faut vraiment que j'arrête mes radotages complaisants - et si complaisamment narcissiques... Autrement dit, "Je suis Narcisse et je me soigne" ;-) Pas mal non?

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Commentaires
P
Bonjour D (et pas D comme Dupondt!) Ton enthousiasme me fait plaisir car je suis justement dans un moment de remise en question et de doute (ça m'arrive tout le temps ;-) Tu sais, je zappe aussi parfois, souvent même (pourtant, je n'aime pas ça!) Et parfois je m'arrête de zapper pour réfléchir, et puis, de nouveau, je ne sais plus... <br /> <br /> Moi aussi j'aime te lire ! Ca me fait tout d'un coup penser au fait que j'aime beaucoup le cinéma...
P
Oh, Paisible, j'avais loupé ton commentaire... Je te fais des gros bisoux. Comment va notre amie BB ?
D
Me revoici pour ma première "sortie" sur la toile depuis le début de mes déboires internet et informatiques... Je viens de relire cet article découvert il y a une semaine et je reste sur ma première impression : privilège... C'est un véritable privilège que de te lire. <br /> J'ai peut-être l'air d'en faire beaucoup mais je suis sincère : je retrouve dans ce que tu écris ce qui manque parfois cruellement en surfant... le temps. Tout ce dont tu témoignes ici m'arrache à la précipitation du quotidien et à la tentation du zapping. J'y retrouve de la durée et les frémissements souterrains ou à ciel ouvert de la vie.<br /> Bref, je respire ici !
P
bien sûr le sommeil n'est pas la solution pour s'en "sortir", mais au fond de la déprime c'est parfois une condition de survie...je me souviens avoir dormi dormi, à la clinique, à la maison, puis avoir peu à peu émergé de ce long sommeil...et puis quand la mère meurt on nait vraiment bien sûr...c'est normal...on marche enfin vraiment toute seule...et cela n'a rien à voir avec la qualité, de cette mère, et l'amour qu'on lui portait...<br /> la grisaille continue...celà devient triste à la fin...<br /> à bientôt, pivoine, continue...
N
Le sommeil, une solution ? Certainement pas, donc d'accord avec toi. Mais une fuite commode, parfois confortable, voire agréable et apaisante, pour un temps, du moins...
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