Berthe BERNAGE
Je viens de passer deux heures de recherche (au moins) à répertorier les premiers épisodes de la chronique des "BRIGITTE", de Berthe BERNAGE, parus dans les "Veillées des chaumières", entre 1925 et 1926.
J'ai fait ça avec le plus grand plaisir, pour venir un peu en aide à Mousie, qui se consacre à un travail de taille (sous la forme d'un blog) sur Berthe Bernage: "Berthe Bernage, Brigitte et Marie-Joe" Signe des temps, je trouve tellement curieux d'abord, que nous nous soyons "rencontrées" à partir de la Toile. On se sert des nouvelles technologies pour se communiquer des infos. L'aurais-je fait autrement? Non. Tout ceci n'est pas nouveau.
Il est tout à fait intéressant (et piquant) d'appliquer des méthodes rigoureuses à un écrivain quelque peu controversé. Je reste rêveuse devant cette vie consacrée à l'écriture (des romans, des nouvelles, des ouvrages théoriques et pratiques, des chroniques), à l'édition ("la Semaine de Suzette" et "Les veillées des chaumières") et aux Editions Gautier Languereau (55, quai des Grands Augustins, puis 18, rue Jacob) en général.
Berthe Bernage, n'a pas vécu pour elle-même ce qu'elle dépeint dans ses romans, elle est restée célibataire toute sa vie. Tout comme Marguerite BOURCET, autre écrivain de cette "veine". Chez Marguerite Bourcet, c'est volontaire, on le sait. Très petite, elle avait "rêvé" de vivre auprès de ses parents, de rester célibataire, et de se consacrer à l'écriture (extraits de journaux ou de correspondances, in sa biographie par son amie, Lucienne-Ella Bouët).
Je ne connais pas ce qui a déterminé la vocation d'écrivain de Berthe Bernage, peut-être que Mousie pourra m'éclairer là-dessus.
Ce qui moi me trouble le plus dans les romans de Berthe Bernage qui se déroulent pendant la guerre, c'est, la plupart du temps, l'absence de mention de l'occupant, d'une part, et du nazisme et du régime de Vichy, d'autre part (enfin, ça je le comprends un peu mieux, son propos n'était pas politique, mais ça me fait mal - ce qui me fait mal, y a rien à faire, c'est quand on passe la Shoah sous silence...) C'est finalement dans "Le roman d'Elisabeth" qu'elle va le plus loin en campant ses héros dans la peau de prisonnier de guerre, de résistant, ou de combattants dans l'armée LECLERC. Et pourtant, dans ses romans pour enfants publiés dans "La semaine de Suzette", elle est beaucoup plus "claire" en ce qui concerne la guerre 14-18.
Dans une de ses chroniques, Berthe Bernage cite aussi "La Bonne Chanson" de Verlaine. Son troisième recueil, après "Les poèmes saturniens" et "Les fêtes galantes". Et avant les "Romances sans paroles". Elle en parle comme "d'un délicieux chant d'amour conjugal". C'est vrai d'ailleurs. L'autre réalité, c'est aussi, et elle ne pouvait pas l'ignorer, un Verlaine complètement assommé par l'alcool et l'absinthe, tentant d'assassiner sa femme ou sa mère (ou Rimbaud). A noter que cela devrait m'épater. Elle affirme son attachement à la littérature française, peu importe le mode de vie de l'auteur évoqué, pourtant à l'opposé de ses convictions personnelles.
Ce qui me trouble encore plus, c'est l'influence littéraire (indéniablement artistique et stylistique) qu'elle a exercée sur moi et plus particulièrement sur mes poèmes. C'est aussi la ressemblance mystérieuse que j'ai relevée dans certains passages de ses romans, véritables proses poétiques, avec... Odilon-Jean PERIER et certains poètes (belges d'expression française) de la transparence. Mais ce n'est pas si étonnant que cela. Ils appartiennent au même milieu socio-culturel. Bonne bourgeoisie intellectuelle parisienne d'un côté, haute bourgeoisie bruxelloise de l'autre.
Charles VAN LERBERGHE, Fernand SEVERIN,
OJ PERIER, "La pureté est inhumaine... Mais je ne puis adorer qu'elle" (-à vérifier-), à lire ces mots, on aura compris.
Auguste MARIN, Armand BERNIER, etc. Des poètes que se proposait d'étudier quelqu'un que j'aimais beaucoup.
A quoi je passe mon temps! Sans compter les mystères à élucider (une photographie que je crois être d'un des deux éditeurs de Gautier-Languereau, (Henri Gautier ou Maurice Languereau), mais sans certitude absolue.
Voilà qui me laisse rêveuse... Ca a un côté vertigineux aussi.
photographie de BERTHE BERNAGE,
(c) Mousie "Berthe Bernage, Brigitte et Marie-Joe"