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Mes carnets
30 mai 2007

Des clefs pour comprendre... Une séparation... (5)

Je lis les interventions de Pati et de Ex-Nihilo... Je leur répondrai après.

Comme je ne sais pas décrire sans raconter un exemple. Je prends un exemple juste symbolique, parce qu'il a trait à des clefs justement, des clefs réelles.

Il y a de cela quelques années, j'avais une amie, qui, dans un authentique geste de générosité, m'a prêté ses clefs. Je venais de me séparer, je n'avais pas encore de meubles, plus d'ordi, (si, mon frère m'a donné un Mac de récup...) Ah ! Cette séparation, il faudra bien que j'y vienne tout de même. Oui. Avant les clefs.

A ce mois de douleurs. J'ai tout évoqué dans les Cailloux et ricochets: cette année-là, avant et après. Et l'année qui suivait. Sans savoir que Samantdi (qui tient le carnet "Vie commune"), avait repris des passages de mon récit dans son blog, le 8 mars, date de la journée des femmes, pour dénoncer la violence faite aux femmes. Que Pierre relayait dans son propre blog. De Pierre, j'étais allée chez Samantdi, puis j'étais revenue chez Pierre, et il m'a fallu qu'il m'écrive que Samantdi avait parlé de mon récit, pour que je lise enfin, yeux grands ouverts, ce qu'elle avait écrit. Et les commentaires qui suivaient. Des commentaires variés, démontrant que mon récit avait fait mouche et que d'autres femmes pouvaient se retrouver dedans.

Ce fut un baume. Ce que j'avais vécu a été enfin reconnu. Il faut bien dire que je n'y croyais plus... Merci, Samantdi... 

Comme je l'ai dit, il y a un avant et un après. Avant l'opération d'une hernie discale. Et après. Un mois et demi à peu près après mon retour de l'hôpital, j'ai décidé de me séparer. J'ai pris ma décision en une après-midi, que dis-je, en une heure de temps. Il m'a suffi d'une conversation téléphonique avec mes parents. A l'époque, c'était galère de téléphoner à ma famille. J'étais étroitement surveillée. Je ne peux pas expliquer comment cette situation a pu arriver brusquement, alors que j'étais malade puis convalescente. Quasiment privée de téléphone. Il y a juste trois personnes qui ont enfreint le mur de la prison. Je dirais quatre - car pour l'une d'elles, c'étaient mes parents. Il y avait mes parents, mon frère, et une amie. Qui n'était qu'une amie. Ca a son importance pour la suite de l'histoire. Mes parents et mon frère avaient peur pour moi - je crois que mon frère a dit en gros à mes parents, "si on la laisse là, vous n'aurez plus de fille, et moi je n'aurai plus de soeur".

Putain! C'est pas drôle de raconter ça.

Mon couple glissait à bride abattue dans la violence. Violence psychologique, financière (mon compte était vidé en permanence) et sexuelle, venant d'un côté. Colères violentes, crises de nerf et crises de panique de mon côté. (Et j'ai culpabilisé à cause de ça, or, je sais maintenant que c'est une suite "logique") Dans ma panique, j'ai juste compris que je ne pouvais pas m'en prendre au matériel du ménage, et j'ai commencé à détruire ce qui m'appartenait. J'ai mis des années à guérir de ça. De cette violence contre moi-même. Cela a trouvé son apogée fin du mois d'août 2006, quand j'ai voulu me jeter par la fenêtre, (la destruction finale) et que mon fils s'est presque battu avec moi pour me ramener à l'intérieur.

Bref. Ce sont mes parents qui sont allés voir un avocat pour moi. Il m'était impossible de le faire. J'étais -je ne vais pas dire prisonnière, non, la porte était ouverte et j'avais la clef, mais j'avais tellement peur, je subissais tellement de questions, en rang serré, accompagnées de regards de colère, j'étais contrôlée en permanence, je tombais sur des trucs tellement hallucinants (au point que je me demande encore aujourd'hui si je n'ai pas rêvé, et pourtant, je SAIS que je n'ai pas rêvé), que je me sentais en danger véritable. Sans rien dire, pendant dix à quinze jours, j'ai attendu le jour de mon départ. Nous profiterions d'une journée pédagogique de mon fils (où il serait à la maison) - sachant que mon ex-compagnon ne ferait pas de visite-retour-surprise ce jour-là - pour organiser mon départ. Tôt le matin, mon frère est venu me chercher, j'ai rapidement emballé quelques vêtements, quelques rares objets, un cadre, (les poèmes de OJ Périer), mon appareil photo, mes papiers personnels et bancaires (j'avais tout de même mis un peu d'ordre) et fouette cocher, j'ai mis la clef sous le paillasson, pendant que mon frère expliquait la situation du mieux qu'il pouvait à mon fils (je n'en avais pas eu la force...) et nous sommes partis. J'ai passé une journée épouvantable - interrompue par une visite chez le chirurgien qui m'avait opérée- à attendre l'heure du retour de X*** et les réactions possibles...

C'est ces moments d'angoisse là, ces moments où je suis plaquée dans un fauteuil ou assise sur une chaise (ou sur une banquette de chemin de fer), où j'éprouve une panique sans nom. Je suis immobile, on ne voit rien de ce que j'éprouve à ma figure, et pourtant, intérieurement, je suis en ruines.

Par la suite tout s'est enclenché et déroulé suivant le processus "normal", disons plutôt "habituel" de certains divorces... Juge de paix, faux accord entre parties, mon fils va vivre chez son père, "conclusions" incendiaires, j'implose, premier jugement en ma défaveur, accusation d'adultère (d'abord avec un homme, puis avec une femme), les amis qui passent avec armes et bagages dans l'autre camp... Y compris mes plus vieux amis, qui me connaissent pourtant bien. Enfin, il faut croire que non. Mes écrits, des plus innocents (les poèmes) aux plus intimes (des lettres que j'avais oubliées dans la boîte mail, des notes pour un roman en "je" évidemment), tout s'est retrouvé dans le dossier du divorce. Ma vie, mon intériorité, et même parfois, ce que j'avais de plus sacré, étalé dans des classeurs, chez un Juge, dans des dossiers d'avocats, et que je recevais parfois, dans un sac en plastique que m'apportait mon fils, avec des papiers noircis d'insultes.

Et je m'étonne que je crie que je ne peux plus écrire de poésie? C'est pas étonnant... C'est même mon étonnement qui m'étonne.

Un de mes "copains" (il n'est même pas question ici d'amitié et encore moins d'amitié amoureuse...) - (que j'avais aidé dans l'organisation d'événements culturels et qui m'avait publiée) a même fait répandre la rumeur, auprès des lecteurs de sa revue, que j'étais allée non pas me faire opérer d'une hernie discale, mais que j'étais allée à l'hosto pour changer de sexe. Faut dire qu'il n'a pas fallu longtemps pour que sa compagne le quitte à son tour...

A l'époque, je fréquentais un cercle littéraire, où on lisait chacun nos poèmes, deux par séance. Les derniers temps, j'avais proposé à mon (ex)-compagnon de venir avec moi, vu que, disait-il "tu m'abandonnes toujours". "Tu nous abandonnes toujours". Je n'ai jamais su tirer le truc au clair, entre ce que le président du cercle me racontait sur le vice-président (à propos de mon affaire), et entre ce que ce dernier m'a dit - lorsque je l'ai rencontré - par hasard - à mon ancien boulot (tout se tient inextricablement et ça fait partie de l'aspect infernal du truc)... Mais le fait est que mon ex y était et que ce seul fait suffisait à m'empêcher d'y aller. On m'a taxée de lâcheté. On m'a dit que je devais me sentir forcément coupable... Mais quelle femme victime de violence conjugale irait, le coeur léger, à des endroits où elle SAIT qu'elle va rencontrer celui dont elle a tout à craindre? En plus, je travaillais près de son propre lieu de travail. Je pouvais le rencontrer à tout moment. (Il est d'ailleurs venu deux fois à ma rencontre - et j'ai filé au poste de police pour porter plainte - les policiers m'ont dissuadé de le faire, en me disant qu'il y aurait une contre-plainte et ainsi de suite... Et je les ai écoutés).

Finalement, le salut m'est venu d'une amie laïque... Elle m'a donné deux conseils: "va à la maison des femmes" et "contacte cette avocate. Change d'avocat." Je lui dois une énorme, une couronne de chandelles. J'ai d'autant plus de chagrin en pensant à elle qu'elle était gravement malade, abandonnée de beaucoup de ses amis, et qu'on lui avait fait une réputation de fouteuse de m*** Or, elle est morte. Seule. Je suis restée en contact avec elle jusqu'à la fin, pas tout à fait à la fin, car je venais d'emménager, mais elle est morte. Même ça me fait encore mal. Qu'on démolisse quelqu'un à tel point. Que ce quelqu'un en réalité a été là au bon endroit, au bon moment. Et pour le reste, je ne me sens aucun droit de juger. J'ai donc changé d'avocate et je me suis alors documentée à fond sur la violence dans le couple. Dans mon esprit, je n'avais pas été battue, alors, je doutais avoir été vraiment victime de violence conjugale. Pourtant, j'avais reçu une gifle retentissante. Et je lui avais dit "tu es fou?"

Mais je savais déjà que j'allais partir...

Si pour le moment, je n'arrive plus à vivre que seule et avec des chats, je comprends pourquoi... Je comprends aussi que dans toute situation où je m'implique un peu affectivement, la peur revient. La peur est là en permanence. Et pourtant, je ne peux concevoir de cesser d'aimer les êtres humains, de cesser de faire confiance. De cesser d'aimer. Tout court.

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