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Mes carnets
13 mars 2007

L'Arche de Noé

Il fait trop beau et trop bon pour rester à l'intérieur. J'ai donc passé trois heures dehors, sur un banc, le long du canal, à dessiner. Cette fois, j'avais embarqué un blog, pardon, un bloc, pour esquisse format A3, et une boîte de pastels. J'ai épuisé tout le fixatif... Bientôt, j'entamerai un bidon de laque...

J'avais dans l'idée de faire un dessin un peu à la manière des impressionnistes, un peu à la manière de Théo, (pourtant, je n'aime pas le pointillisme, je l'ai déjà dit), et je me suis attaquée au reflet d'une péniche dans l'eau. Aux taches de lumière. Aux troncs des arbres, aux buissons de la berge. Pour le moment, je n'ai pas de projet bien précis (ce fameux projet dont Félix nous rebattait les oreilles l'an dernier, au cours de peinture). Ou alors, mon projet, pour l'instant, se limite à peindre et dessiner ce qui m'entoure. Le plus simplement du monde. (Et ce n'est pas une si mauvaise idée, je crois, après tout, c'est ce que Spilliaert a fait - ceci dit, je n'ai pas la prétention de dessiner aussi bien que lui. Je n'ai pas le même tempérament non plus, d'ailleurs).

Et puis, comment rendre la lumière et les ombres par la couleur ?  C'est mon idée fixe.

Un passant s'est arrêté. Faut dire que j'étais accroupie devant mon banc, le bloc grand ouvert. Pas très confortable ! Il m'a demandé ce que je dessinais; quand je lui ai montré la péniche sur laquelle je m'étais arrêtée, il a dit: "c'est celle que j'appelle l'Arche de Noé." Il était âgé. Marchait difficilement, mais à l'accent, aux mots employés, à son élocution, je me suis dit que ce devait être quelqu'un de cultivé. Mais aussi de malheureux.

C'est toujours très intimidant quand quelqu'un vous parle, ou s'arrête pour regarder ce qu'on dessine (je ressentais la même chose quand je travaillais, je n'aimais pas l'idée d'avoir quelqu'un derrière moi qui m'observait ou m'écoutait). Et en même temps, c'est gai. On rencontre des gens, on parle. Comme ça, sans idée ni but précis. Gratuitement.

J'ai beaucoup de chance d'habiter le long du canal. Je n'aurais jamais imaginé ça, du temps où je flirtais surtout avec la ville. Le canal de Charleroi (ou de Willebroeck) a une si piètre réputation... Quand il fait beau et que je me promène le long de l'eau, j'ai l'impression de rêver. En automne (en novembre), c'est un endroit un peu mélancolique. Mais il a son charme.

Parfois, le bonheur, c'est juste ça: regarder une péniche passer, marcher sous le pont du chemin de fer, écouter le passage des trains, (en direction d'Ostende et de la mer), aller jusqu'à la cafet du centre nautique, observer les mouvements de l'écluse. Cela reste fascinant. Observer la progression des fleurs de forsythia. Les arbres qui se couvrent de bourgeons. Une pensée violet-bordeau, dans une vasque. Et écouter les oiseaux. Par moments, j'avais l'impression d'être dans Le Peuple migrateur.

Faut dire aussi que j'ai là un magnifique sujet de dessin. Et de peintures. Je ne l'ai pas encore beaucoup exploité. Je n'avais pas l'idée de l'exploiter non plus quand je suis venue habiter ici. Faut dire pourtant que j'ai assez vite été sous le charme. Comme quoi. Y a pas que des fuites et des blattes (je n'en vois plus d'ailleurs pour le moment, touchons du bois...)

Maintenant, je laisse ce dessin un peu "reposer". Je le regarde, de temps en temps. Il faut qu'il vive. Qu'il donne l'impression de bouger.  Trois heures pour faire un dessin format A3. Mais combien de temps mettaient-ils pour faire un tableau à l'huile ? Les Monet, Sisley, Pissarro, Renoir, (et Théo?) etc. Je sais qu'ils revenaient se poster à l'endroit choisi à heure fixe. De jour en jour. Pour une question de lumière. Ce serait impossible ici: quatre jours de beau temps, oui, mais demain ? Jeudi ? Quel temps fera-t-il ? Je me rends compte aussi que pendant tout ce temps-là, j'avais la tête pleine de guinguettes, de la Seine, de Marly, de Louveciennes...

Rien de tout ça ici, juste le canal de Charleroi, mais pas loin, pas loin du tout, il y a la Senne, à ciel ouvert, et la rue de l'Ile Sainte-Hélène, où, jadis, il y avait guinguettes, ferme, et estaminet...

***

Et voilà l'image. Photo pas très nette, peut-être, il y a sûrement à corriger au niveau du bord du bateau et de la bâche qui le recouvre... Mais bon, après tout, je suis qu'une débutante & amateure.

croquis_20060215_037bis

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Commentaires
P
L'original est aussi coloré, mais ici, la lumière de l'écran et Photoshop y sont aussi pour quelque chose :-) pour l'exactitude des formes, il y a encore du boulot.
M
oui, une fois de plus : bravo Pivoine !<br /> couleurs et lumière sont une vrai réussite ))
S
Des jolis petits points de poinçonneuse, non pas des lilas :)<br /> des péniches et j'aime ça ;)
P
Il me semble que j'ai évalué les surfaces, et puis analysé les couleurs en vrai, voir ce que je pouvais transposer avec les pastels que j'avais, commencé par un endroit du dessin et puis, j'avais beaucoup observé les toiles de Van Rysselberghe, lors d'une expo, l'an dernier. (Et pourtant, je n'aime pas le pointillisme, lol, je le maintiens, mais ça va bien avec ce genre de paysage...) Biiz à toi aussi, en pleine écriture azur je suppose ?
P
Coucou Benoi, ben, moi non plus je savais pas faire avant ce matin ;-) sauf que je faisais des trucs assez spéciaux avec des petits carrés de toutes les couleurs à l'école (pendant le cours sur les fables de La Fontaine ;-) et que ça m'a rappelé un peu ça...
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