Poème...
En pensant aux très belles "Saveurs d'antan" de Plum'
VERLAINE Echoué dans le faubourg parisien
Fit sangloter la mandoline de Pierrot
Au coeur de sa cité, loin des combats anciens
Et Paris, navré, s'ensevelir sous ses vers.
Comme la neige ensevelissait Louveciennes
Illuminant le coin de paradis d'un peintre
Révélant son secret, par touches magiciennes,
Et l'huile sur sa toile, louant bleu le fleuve
Tandis que sous le pur azur d'octobre et vers
L'astre doré, fusait le vers mallarméen
La muse des poètes, exigence sévère
Dans un vert d'absinthe, noyait son évidence
Une seule femme coulait le bronze et l'or
Sculptant sa nuit, dans la boue cachée de la terre
Suivante de l'amant qui vous condamne à mort
Et compagne de la gloire et de la folie
Paris moderne enfin ! Ce Paris mil neuf cent
Couleurs bariolées pour l'amour d'une Marie
Dont Apollinaire faisait charrier le sang
Fenêtre ouverte au bout des pinceaux de Chagall
Bruits d'automobile électricité des nuits
Canons de la guerre étoile au front d'un poète
Amours évanouies secrets d'un geste enfui
Ce siècle éclaté s'enfantait dans l'agonie
Révolutions drapeaux déroulés oriflammes
Et les mots pulvérisés des vers se vengèrent
Couleurs substances oniriques vent de flammes
Mort amour et résistance libertés d'homme
M'ont-ils laissé le don de raconter leurs cris ?
Ressusciter la peur ou la mort des maudits !
Ai-je rêvé d'entrer dans l'atelier des peintres ?
Moi dont la poésie et les vers attentifs
S'imprègnent désormais de leur oeuvre ébauchée...
(Pivoine, 1990)
André DERAIN: Arlequin et Pierrot.